17.1.08

Je rêve de Biarritz en été

Au fond tout ce qui me rattache à ce boulot merdique c'est les êtres humains. Je le conjugue au pluriel par choix. C'est fascinant de passer d'un individu à l'autre et d'imaginer son passé aux premiers mots. Selon la réponse, selon l'attitude, selon les habits, selon les marques laissés ça et là, comme des tatouages.
J'en déteste certains, agressif direct et pédant, puis me force à approfondir. Parfois c'est une surprise remarquable et je suis le premier étonné lorsque je leur dis au revoir avec un sourire sincère, parfois ces gens restent des fils de putes.
Quand ça ne va plus, je joue du regard avec les enfants ou je m'amuse avec un chien qui se ballade dans le magasin, quand ça va je me concentre sur l'évolution des individus.
Vous ne pouvez pas imaginer ce que c'est de ressentir une douceur magnifique dans un regard, dans des mots, quand on passe une journée pourrie. Des chinois qui sont d'une politesse à saluer, une vieille dame qui s'excuse sans cesse de me déranger. Certains me renvois vraiment à mes principes et à mon passé. Comment agir, comment réagir.

J'ai des surprises plus alléchantes (le mot est peut-être deplacé). Une femme d'une cinquantaine d'années qui me dit que "la vieillesse est physique, mais pas dans la tête" suivi d'un clin d'oeil plus cligné que n'importe quel clin d'oeil. C'est pas la première fois, ni la dernière je pense, mais c'est toujours rigolo.
Je reprends le pli, la fatigue physique est de moins en moins grande, je gère mieux certaines situations, mais je refléchis trop tout le temps. Pourquoi je suis là, pourquoi je fais ça, pourquoi je dis ces choses là. Je ne m'inquiète pas des réactions des clients, au contraire je m'en fous totalement, je leur raconte n'importe quoi et ils rigolent ou pas, je m'en tape. C'est simplement personnel. Qu'est-ce qui m'amène ici? Qu'est ce qui me fait reprendre directement mon sérieux quand une collègue se permet une remarque mal venue et que je la remballe en deux deux.

Souvent je pense à ma mère et à l'avenir, je garde donc la tête haute et ne veut pas la décevoir.
Il y a plusieurs mois, j'ecrivais à propos de ce travail que j'y évoluais en ayant l'impression de regresser, je le ressens toujours. Je ne suis pas triste, ni nostalgique ni mélancolique ni ce que vous voulez, je sais juste que je ne suis vraiment pas à ma place dans un endroit comme celui-ci.

Ceci dit, le futur prend forme et j'ai enfin une sortie qui arrive, tout n'est qu'une question de temps.

Sébastien Tellier - Roche

2 Commentairess:

Anonymous Anonyme said...

je me rends compte que je ne sais plus grand chose de toi.
un petit verre s'impose.

21:26  
Blogger Elo said...

Amoureuse de Sébastiennnnnn, c'est ahhhhhhhhh (genre hyper sensuel, limite érotique).

23:01  

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