23.3.08

La définition




Vraiment c'est difficile d'acheter un parfum. Je me sens tellement bête à errer devant les différents parfums chez Sephora, à vaporiser partout, à essayer d'approuver quand je distingue quelque chose (le fonctionnement de mon odorat s'est bien vite altéré, littéralement agressé).
Las de tout ça, je me décide à chercher du regard une conseillère. Non pas celle-là, trop jeune, pas celle-là, trop bizarre. Et elle, voilà très bien. Une quarantaine d'années, la peau très blanche et un rouge à lèvres rouge, d'une beauté timide et glamour, comme une pin up des années 50. Plus que la sensualité, c'est la confiance qu'elle m'inspire.

La question est: pourquoi au juste ai-je besoin d'un rapport de "confiance" avec cette personne? Et la réponse me frappe lorsqu'elle me demande ce que je souhaiterais. C'est une véritable introspection que je lui livre, une véritable définition.

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Brice, n.m. Orignal et racé, il conserve également une douceur particulière spécialement observée lors d'un rapport régulier et prolongé.

Puis termine en rougissant sûrement un petit peu. Elle me regarde quelques secondes et j'ose imaginer qu'elle cherche ce qui pourrait aller. Puis nous voguons, de parfum en parfum, de rayons en rayons, du "trop citronné" au "oula non on dirait du Scorpio", des mouillettes géantes imbibées de parfum nous entoure, menaçantes, se refermant. L'esquive, c'est les échantillons. Nous vaporisons à droite, à gauche. Pchit pchit et les mouillettes disparaissent.
Des gouttes de sueur perlent sur nos front et lors de ce dernier instant, je sens que le but est proche. Son regard est intense, son rôle de conseillère abandonnée, je sens que nous allons nous embrasser. Elle et moi, chez Sephora, 20 ans d'écart. Une nouvelle vie peut-être, pourquoi n'y ai-je pas pensé avant?
Je me prépare au baiser, tout bascule. Courage Brice, tu ne t'y attendais pas mais la vie est faite ainsi. De contradictions, réorientations, réflexions. Telle la science, elle est inexacte et évolue au fil des ans. Je m'approche d'elle, doucement, les yeux fermés, haletant face à mon avenir.

Puis rien ne se passe.
Quand j'ouvre les yeux, un franc sourire me dit d'un ton enjoué: Silver Black, d'Azzaro. ça sera parfait. Fébrile, je glisse un "ah.. ah b.. ah.. ah bon?" et inspire cette mouillette, assez emballé. Je demande malgré tout un échantillon, pas vraiment sûr de mon coup. Je lis le petit descriptif qu'elle me tend, sourire en coin:

La nouvelle séduction
Frais - Boisé - Musqué
Silver Black, l'évocation de la dualité de chaque homme… Entre insolence et générosité, sophistication et virilité, Silver Black entretient le mystère tout en se révélant. La fraîcheur métallique Silver mêlée à la puissance Black, provoque une séduction à la fois raffinée, pétillante, envoûtante et masculine appréciée par toutes les femmes.


Je lis la dernière phrase à voix haute tant ça me parait absurde, mais sous le coté railleur d'un petit gars que je dégage à cet instant, je crois que les deux premières phrases me plaisent.
Pchit pchit dans le cou en partant. Drôle de sensation, comme être unique. Je sens les regards, les nez tendus. Ou bien je rêve encore.
Je crois que je m'accomode finalement à ce parfum, alors que lui s'accomode plus doucement. Est-ce comment ça que ça fonctionne alors?

2 Commentairess:

Blogger Cécile B. said...

Je ne supporte pas Séphora, à chaque fois que j'y vais ça sent vraiment trop fort et après j'ai mal au crâne, ou alors ça me rend dingue et j'essaye tous les parfums et tous le maquillage, ensuite je sors et je me couche sur les pavés. Junkie.

17:07  
Anonymous Anonyme said...

Ah ah ah.
La vraie merde c'est quand celui que tu as trouvé depuis des années (je veux dire les années 80, t'as vu) ne se fait plus. Heureusement il y a à amazon.com et le dollar gratuit.

00:16  

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