7.1.07

From here to Eternity



Un poussin dans la main


"From here to Eternity" c'est exactement ce que je me dis aujourd'hui en rentrant en train. Les paysages défilent, la nuit est tombée depuis longtemps déjà, les réverbères eclairent une simple parcelle de voie ferré. Kraftwerk me gonfle le coeur toujours un peu plus, me fait fermer les yeux toujours un peu plus. Je pense à mon mal de jambes, à mon travail puis je réalise: je vais continuer jusqu'à la retraite comme ça.

C'est etrange parce que j'ai fait beaucoup de boulots sans penser à ça. Bien sûr ça n'était que des petits trucs de quelques mois, quelques semaines, quelques mois ou quelques heures, ça doit justifier le fait de n'y avoir jamais pensé. Je change de Kraftwerk pour Moroder, obsédé par cette vision obsédante dans Crazy, en boite, quand ce gay blond approche ses fesses de celles du héros. Tourné au ralenti, lumières roses et violettes, de la Heineken, cette chanson qui s'envole toujours plus, les hélices d'hélicoptère.
From here to eternity, ça sera comme ça maintenant. Sentir la douleur dans ses jambes tous les soirs, quitter le travail plein de puissance en prenant son temps pour allumer une cigarette et ne se soucier de rien. Serrer la main du patron en souriant, regarder les passants autrement, voir les voitures au ralenti, From here to eternity.

Bref, liquidation totale. Je me rends pas trop compte de ce que ça représente, j'ai jamais connu ça. Pour moi c'est juste un peu de monde qui achète tranquillement. Chez les hommes oui, mais chez les femmes, on est loin de la réalité. Vendeur de chaussures c'est le meilleur truc pour devenir mysogine, bien plus que les frustrations sexuelles, que les ruptures toujours difficiles, que l'homosexualité.. A l'ouverture, déjà une dizaine de femmes attendent devant la porte, prêtes à foncer, la rage au ventre. Des taureaux, une corrida - esquiver, planter/faire essayer, vendre. Elles sont folles, les boites volent de partout, tout est mis n'importe comment. Aucun scrupule, aucune considération, elles te prennent pour une merde et ne se gênent pas pour le faire savoir. Des boites vides jonchent le sol tels des corps après un attentat.
Dangereusement et inconsciemment je cible mes clients: jeunes mignonnes, mères de famille discrètes, tous les blacks etc. et j'évite certains cas comme les mamies alsaciennes.

De un parce que je ne parle pas alsacien du tout.
De deux parce que c'est les pires. Les pires vicieuses, les pires putes. Elles ne lâcheront rien, elles seront toujours là, elles te pompent jusqu'au bout (ok on évite les sous entendus pourris). Pourquoi personne ne réalise de films sur elles? Ca serait amplement mérité, un Romero avec ces vieilles en zombies dans un champ. L'horreur. La vraie.
Les femmes sont des pourritures, des ordures. Elles s'entretuent à petit feu, rongées par la jalousie.

Trop fatigué par tout ça, je descends servir les hommes et quel soulagement quand je lève les yeux: Pas beaucoup de monde, tout va bien, de la discipline, du calme, de la gentillesse. Je vois un vieux qui était déjà venu la veille. Attachant au possible, je m'étais défoncé pour le servir et il semblait ravi. On parle un peu de tout ce monde, de ce bordel ambiant, il est excédé par les femmes et je ne me gêne pas pour lui dire ce que j'en pense, ce qui nous fait rigoler. Tous les deux, avec nos 50 ans d'écart, là, dans un coin de ce magasin, en milieu d'après-midi, je ressens des interactions que j'avais perdu depuis longtemps et ce n'est pas sans un grand sourire que je lui dis au revoir.

C'est un vrai travail sur moi que je fais là-bas. Parfois j'ai vraiment envie de lever les yeux vers ces femmes et de leur dire d'aller se faire foutre mais je suis toujours là, à sourire calmement et à ranger ce qu'elles viennent de déranger. J'ai l'impression etrange de grandir et de regresser en même temps. C'est peut-être ça devenir un adulte. Aucune idée. Dans tous les cas c'est vraiment pas pour tout de suite, je tiens encore trop à l'innocence et à l'intensité de l'enfance, aux découvertes, à la simplicité.

Le vent de face à 150 km/h, je tiens encore la barre.

Klanguage - Priceless Things (mon frère Remix)
Chamillionaire - Game Gonna Cost A Free

6 Commentairess:

Blogger diane said...

From HER to eternity.

22:39  
Anonymous Anonyme said...

Ahahah, la vente comme épiphanie. Remets toi hein.

11:15  
Blogger Cécile B. said...

Chemise rose, joli jean, petit pull, joli vendeur, j'ai beaucoup aimé ta façon de dire bonjour.
Je m'interroge sur ma façon de faire du shopping du coup.
J'ai aimé cette note également.

00:02  
Blogger gazi said...

"Les femmes sont des pourritures, des ordures. Elles s'entretuent à petit feu, rongées par la jalousie."

Et bah c'est bien! Tu aurais pu rajouter: et en plus, elles mangent leurs propres enfants!

10:21  
Blogger gazi said...

Au fait:

From Here to Eternity ou From her to Eternity?

Les Clashs ou Nick Cave?

Ange ou Démon?

ES TU MON ANGE OU MON DEMON?

00:16  
Anonymous Anonyme said...

A part plein d'autres truc je n'ai qune chose à dire:

Play Me Sexy.

22:24  

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