2.5.08

Il y a quelque chose de différent ce matin. Je me tâte à 6h50 pour vérifier l'état de mes jambes, mes bras. Fort heureusement, rien de Kafkaïen.
Je me prépare tranquillement, tout en voyant l'heure avancer, avancer. Le retard me guette, une main au dessus des yeux, mais je le défie tel un indien, armé d'un courage sans nom et de plumes sur la tête.
En effet, je pars en retard et dans le tram, je peux enfin écouter ce nouvel album de Gonzales. J'ai l'impression étrange de bouillonner mais d'être très serein en même temps. De connaitre chaque recoins de rue, mais d'être également totalement perdu.
Une envie de longue liberté me prend quand je commence à prendre le vélo et le soleil a raison de tout ça, je me perds tranquillement dans des chemins inconnus, puis arrive dans la forêt.

Il est 8h10, j'ai déjà dix minutes de retard mais Home Movies de Gonzales me guide, m'indique la droite, la gauche. De l'eau, des cygnes. Des maisons à colombages refaites à neuf, je n'ai jamais vu ça et c'est pas si mal en fait.
Une table devant une de ces immenses maisons, "Si quelque chose vous plait, servez-vous!" Pardon? La méfiance part tout naturellement, je commence à poser mon vélo. Puis, dans les rayons du soleil filtrés par les arbres, je cherche quelque chose sans le savoir.
Tiens un appareil photo, un polaroïd. L'objectif semble de bonne facture, la mise au point précise. Je le prends, bien entendu, même si je vois toujours ça comme un instrument de frime un peu facile vu que je ne m'en sers pas.
Mais ça ne va pas, il me manque quelque chose.
Au fond de cette caisse, une boite familière. Au fond de cette caisse, les lettres "IN" d'une typographie que je connais trop bien. Mon cœur bat la chamade comme la r19 et c'est tout tremblant que je sors cette boite. C'est ça, les mystères de pékin. C'est ça, ça a toujours été ça. Ca a toujours été ce jeu et moi. Ca a toujours été ce jeu que je n'ai jamais eu parce que trop cher, le jeu chez qui je voulais toujours jouer chez mes amis. Ca a toujours été toi et moi, les mystères de pékin. Putain d'ironie de te trouver là, au fond d'une caisse, un vendredi matin, en 2008.
Je scrute les environs. Je ne peux décemment pas le prendre, la boîte est grande et je pourrai pas faire de vélo avec. De la manière dont j'ai été guidé vers ce jeu, je veux vérifier si le destin fera encore son effet ce soir, à 16h, quand je rentrerai du travail.
Confiant, je le regarde une dernière fois, un sourire rassurant, avant de m'en aller.

8h30, j'ai encore flâné dans la forêt. La matinée est vraiment douce, c'était agréable.
Lorsque je pousse la porte de l'usine, tout me parait étrangement calme. Où sont les autres intérimaires? Je suis tout seul et me chuchote la ligne de Modalisa.

- Hé! Toi! (ces abrutis n'ont jamais pu retenir mon prénom)
- Oui?
- Tu es parti trop vite mercredi après-midi, on n'a pas eu le temps de te dire que le contrat était terminé.
- Et les autres sont au courant?
- Oui on les a vu quand ils partaient.
- Mais il était 16h, la journée n'était pas finie, vous aviez le temps de passer un coup de téléphone.
* sourire entre la gêne et l'indifférence *
- Bon bref, salut.

Modalisa, encore.
La forêt, encore.
Un sourire en coin, les mystères de pékin tu vois? C'est le destin en somme, j'y pense beaucoup. Reste le problème de comment le transporter. Tiens, le propriétaire est dehors, ahaha tout s'enchaine tellement facilement, ça en devient gênant. Je lui demande un grand sachet, le remercie les larmes aux yeux (ce qu'il ne semble pas comprendre du tout) puis repars tranquillement.

Les choses me guident vers d'autres choses. Quoi qu'il se passe, j'obtiens ce que je veux, un jour ou l'autre, d'une manière ou d'une autre. Dix ans, vingt ans plus tard, par un assemblage de coïncidences, il ne reste que toi et moi, face à face. Et dans ces moments-là, nous sommes tous les deux les gagnants.

4 Commentairess:

Blogger Unknown said...

j'espère au moins qu'ils ont rembobiné la cassette!
faudra qu'on y joue, comme toi, j'ai jamais pu l'avoir! à la place je jouais au ROYAUME DES COURRONES, geek avant l'heure!

13:15  
Blogger lil'Jay said...

le meilleur jeu de détective chinois du monde. sans déconner, la boîte est complète... les carnets, le petit miroir, le SVP pour déchiffrer les messages secrets?

19:27  
Blogger Brice said...

J'ai vérifié assez tard si y'avait tout, et il manque genre le petit miroir et y'a pas le svp aussi. Par contre tous le reste est là, même les cartes ecrites en rouges et vertes là.
Mais Lil'Jay y'avait une vidéo dans le jeu? Franck me soutient que oui mais ça me dit rien du tout.

14:07  
Blogger lil'Jay said...

le marché du jeu-de-société-geek-avec-vidéo était essentiellement détenu par Atmosfear... mais fallait jouer devant la télé du salon, à côté des parents, relou.
par contre Mystère de Pékin, pas de vhs, non, c'était scrédi dans la chambre, ambianche louche comme une partie de bonneteau ghetto... on pouvait boire le coca à même la bouteille-en-verre consignée.

18:15  

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