J'ai tout fait, tout dit, tout usé. Vraiment, je ne saurais plus quoi faire si quelqu'un me le demandait.
On est en 2008 et la seule voiture que je souhaite prendre, c'est ma Carrera 85. Pas pour rouler rapidement ou quoi que ce soit. C'est dimanche soir, une journée éprouvante, la nuit tombe. Je vise les grands axes hyper illuminés, presque vulgairement. Le tout en vitesse de croisière, tranquillement. Sentir les mouvements, la fluidité de la conduite.
La musique, toujours le même problème. Je navigue entre tous ces cds qui trainent partout. Je n'arrive pas à me mettre aux mp3s et je croule sous les nouveaux trucs que j'essaie d'écouter et les compiles de mes amis qui veulent me faire découvrir des merdes. Il semblerait qu'à nos âges, perdre tout goût musical est légitime et qu'avouer "voyager avec Enya" ou "vibrer avec la dernière comédie musicale" est de bon ton.
Au fond, enfoui sous tout ça, mon vieux CD d'Imagination.
Un sourire prouvant la logique.
J'ai toujours été persuadé qu'à un instant correspondait un album, un son précis et ce soir, c'est ça. Le CD débute, la voiture démarre, le centre ville est trop petit, l'itinéraire ça sera les panneaux toutes directions.
Quelque chose de bizarre grandit. Un mélange entre la mélancolie et une force intense. Une force qui me fait toujours penser être le roi du pétrole. Ce soir, c'est bien ce que je suis, sur ces autoroutes, presque personne qui roule, le ciel violet et au loin, cette dizaine d'éoliennes qui ne cesse de me guider.
Les chansons défilent et j'apprécie simplement la production, trop peu concentré pour écouter attentivement.
J'ai tout fait oui.
J'ai commencé par une erreur: tout abandonner. Tout ce qu'on avait construit, ce que racontait tes yeux quand tu me regardais, j'ai tout perdu.
Depuis j'ai toujours l'impression d'être un équilibriste, d'avancer avec la perche, d'avancer avec hésitation et assurance, d'avancer rapidement et doucement.
C'est très difficile d'en parler sereinement et de savoir poser les mots exacts, même 14 ans après.
Imagination - Tell Me Do You Want My Love
Je crois que tout est définit ce soir, dans cette voiture. Tout est parfait, tout se rejoint. Je prends finalement un plaisir vicieux à aimer la situation, à aimer être triste et à le vivre comme dans un clip. J'ai tellement écouté ce morceau que je m'arrête complètement de réflechir et pense à l'ancien temps, aux amis morts, à mon premier appart, à notre premier appart. Tout est perdu, sans que je ne sache sincèrement pourquoi.
Il n'y aura peut-être pas de fin heureuse à cette histoire, je continuerai simplement de rouler sur ces grands axes, avec ces morceaux à double tranchant. Je continuerai simplement de penser à toi, parfois peu, parfois tout le temps. Je continuerai surtout à te sentir en moi dans les moments bénins ou plus importants. Sait-on jamais, il est possible que tu réalises plus tard à quel point je peux t'aimer, à quel point je n'ai jamais cessé de t'aimer.
Ou alors tu seras là au prochain virage, je m'arrêterai, tu monteras dans ma Carrera et tu poseras ta main sur la mienne.
4 Commentairess:
Très beau. Tu commences à choper de belles punch lines fictionnelles (ah ah. ouais).
Tiens, je vais aller me remater Miami Vice pour la peine.
Je t'envoie plein de bisous italiens pour la peine. Un bisou italien, ça sent la mozzarella, ça a la forme d'un gnocchi, c'est fondant comme une glace, appétissant comme une pizza et crémeux comme de la polenta.
Racontes un peu Rennes les cours la vie, pour comparer avec Elen !
Starky: merci beaucoup.
Laystary: merci beaucoup encore plus. (ça a l'air de bien se passer pour toi, c'est cool)
Manon: Nooon j'en ai un peu marre de faire ça en ce moment, je te dirai en vrai plutôt (mon élocution est réellement parfaite, ça ne changera pas de l'écriture)
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