25.5.08

Bon, vous avez vu la cérémonie de clôture du festival de Cannes? Inutile de parler de Benicio Del Toro et son remonté légendaire de sourcils, ou de Valérie Lemercier et son talent encore une fois exploité avec brio.
Non finalement je retiens autre chose.
Vous avez vu la remise de la palme d'or, Laurent Cantet? Il monte, les enfants le suivent, montent derrière lui. En arrière-plan, Sean Penn (président du jury, faut-il le rappeler) observe tout, non sans émotion. Il ne regarde pas seulement le réalisateur et son équipe, mais il scrute les émotions du public. Il tourne, de droite à gauche, et ces émotions qui se lisent sur chacun le tuent. La lèvre inférieure mordue et la peau rosée, il revient au réalisateur et pleure presque.

Si je parle de ceci pour introduction, ce n'est pas seulement pour essayer d'être un petit peu dans l'actualité, mais également parce que je me suis entièrement reconnu dans cet acte.

Hier soir, à la Laiterie de Strasbourg. L'étrange impression de revenir dans un concert de rock, avec tout ce qui en découle, tout ce qui va avec. Il n'est pas question de prétention injustifiée ou ce type de choses, mais d'une ambiance mal dessinée.
Hier soir, à la Laiterie de Strasbourg, c'est le concert d'MGMT. Èmgéèmté, èmjièmti, management, ce que tu veux. Concert où je n'attends honnêtement rien de spécial. Je suis plus là pour le geste, pour l'honneur, pour rendre hommage (ça ne veut rien dire, exactement). C'est très familial, on se risquerait presque à la lourde description type "hétéroclite, melting pot, brassage de générations / de culture".
Ça commence et c'est pas mal. Ouais c'est pas mal mais j'ai du mal à me focaliser sur le concert, je regarde la scène, le chanteur, les autres, je regarde leurs gestes au mec qui s'occupe du son, je regarde leurs trucs de musiciens.
Je regarde, mais n'entends pas.
Des détours aux toilettes, la bière.
Je ne veux pas / plus me sentir prisonnier lors d'un concert. Avant j'y jouais ma vie, c'était fondamental, c'était des heures d'attente, c'était vraiment important. Aujourd'hui je décide de traiter le sujet différemment. D'arrêter les alinéas, d'arrêter les majuscules en début de phrases et de simplement viser l'instinct pur.
Donc je m'écarte de là où je suis, je change de place. Ici ou là puis finalement je me retrouve devant, sur le coté. Les chansons commencent à me plaire, vraiment mais rester là, à regarder le groupe.. Ça, je sais pas, ça me fatigue. Ça me fait chier en fait. Je commence donc à regarder le public (j'ai une place idéale) et tout s'éclaire.

Tout prend une nouvelle forme.

Tout le monde est dedans, de façon très élégante, très poétique. Des yeux se ferment, des sourires s'esquissent, TEL UNE ODE AU BONHEUR. Je trouve ça d'une rare beauté et me met moi-même à sourire. Les morceaux s'enchainent, les émotions restent très fortes. Est-ce la nouvelle génération? Le renouveau hippie? J'en doute très fort, mais ici, à ce concert, je sens qu'une harmonie est en place. Des sourires s'échangent, des mains se serrent et se lèvent, toujours ensemble. Des regards surtout. Tout est donné au groupe, c'est la puissance pure et dure.

Lorsque Kids commence, nouvelle tournure. L'instru passe, les membres du groupe se barrent et ne restent que le chanteur et le gars au synthé. Plus d'instrument, micros en main, je trouve ça mortel. Ils dansent tranquillement, comme des polichinelles j'ai envie de dire, mais joliment.
C'est la seule chanson que je voulais vraiment voir (ouais j'aime les singles) et ça défonce trop. Il y a cette paix au-dessus de nous et cette intensité hyper palpable. Encore une fois je regarde le public et des groupes d'amis dansent ensemble, se tiennent par les épaules. J'en vois certains la tête dans les mains, au milieu de tout le monde, qui dansent à n'en plus pouvoir. Je vois tellement d'émotions que moi-même j'en pleure presque.
Puis, tout se calme et au milieu de nulle part arrive Lucas, porté par la foule. Tout se fait en douceur, tout le monde le ballade gentiment et je le regarde, les larmes aux yeux. Lucas est au dessus de tout, en étoile, les yeux fermés et je le vois là, sourire, j'en souris tellement aussi que j'en pleure vraiment. J'ai envie d'y aller, j'ai envie d'être là-haut, avec lui, mais finalement, je resterai à le regarder. Sur le moment je m'en veux! je m'en veux tellement bon dieu. Je visais l'instinct au début du concert, et voilà que je ne fais pas ce que j'aimerais faire.
Il ne faut simplement pas tout vouloir, il ne faut pas tout faire. Mon rôle ici était de rester en observateur et d'en être vraiment ému. A la manière de Sean Penn au festival de Cannes, je ne regarde plus le réalisateur sur scène, je regarde les émotions du public et ce soir, c'était ma manière d'être également porté par la foule.

1 Commentairess:

Blogger Lucas G said...

Merci pour le clin d'oeil,
et bel article, belle pensée.

16:01  

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