Aujourd'hui, j'ai vu un homme mourir
Et ce n'est pas une métaphore.
Il était là, entouré de pompiers, près de la rue du Bastard. Je suis du genre à m'arrêter pour voir ce qu'il se passe dans ces moments, mais là, je continue, préférant observer le regard des gens autour pour juger de la gravité - ou la non gravité exactement - de la situation. Des regards sombres, des mines graves et des coups d'oeils jetés aux voisins qui semblent signifier "ça craint".
Instinctivement, je m'arrête et me dirige. Je ne saurais vraiment pas expliquer pourquoi, j'y suis simplement allé.
Et cet homme, en ceinture Gucci, qui a fait une crise cardiaque. Tout va très très vite mais les choses semblent douces, presque belles. Il s'est pissé dessus et les pompiers posent des électrodes, le font sauter, massage cardiaque, de plus en plus fort.
Rien ne colle à la situation. Autour, des familles marchent, rigolent, n'ont pas vu ce qu'il se passait. Au magasin d'à coté, la vendeuse vient de vendre de la layette et accompagne sa cliente à la sortie en l'affranchissant de son plus beau sourire, sans rien voir non plus. J'écoute Funkadelic et le soleil brille, personne ne comprend vraiment la scène.
J'aimerais être Jack dans Lost, du type "je vais vous aider" et tout faire pour y arriver, mais face à cette situation, mon impuissance me dépasse.
Malgré tout ça, je reste serein. Je passe mon temps à me concentrer sur la personne, à me répéter inlassablement "réveille-toi" puis tourne les talons de la même façon dont je suis arrivé, instinctivement.
La question est posée: pourquoi ai-je été tellement serein justement, presque insensible, à cette scène?
Je savais que la situation craignait, que cet homme devant moi était en train de mourir et, rien. L'espace d'un instant, j'étais Meursault dans L'étranger, dans une totale torpeur, indifférent, mécanique. Lorsque j'y repense, des remords me parviennent, bien sûr, mais ils restent très modérés.
Ca n'a rien à voir avec un changement radical de personnalité, mais j'ai l'impression qu'il y a une relativisation, une acceptation et une habitude derrière tout ça, ce qui m'inquiète beaucoup.
Lorsque j'y repasse une vingtaine de minutes après, les pompiers sont autour et ne font plus rien, un autre pose un drap blanc sur le monsieur. Un flic regarde au loin en fumant une cigarette, il est mort, la layette se vend toujours.
Il était là, entouré de pompiers, près de la rue du Bastard. Je suis du genre à m'arrêter pour voir ce qu'il se passe dans ces moments, mais là, je continue, préférant observer le regard des gens autour pour juger de la gravité - ou la non gravité exactement - de la situation. Des regards sombres, des mines graves et des coups d'oeils jetés aux voisins qui semblent signifier "ça craint".
Instinctivement, je m'arrête et me dirige. Je ne saurais vraiment pas expliquer pourquoi, j'y suis simplement allé.
Et cet homme, en ceinture Gucci, qui a fait une crise cardiaque. Tout va très très vite mais les choses semblent douces, presque belles. Il s'est pissé dessus et les pompiers posent des électrodes, le font sauter, massage cardiaque, de plus en plus fort.
Rien ne colle à la situation. Autour, des familles marchent, rigolent, n'ont pas vu ce qu'il se passait. Au magasin d'à coté, la vendeuse vient de vendre de la layette et accompagne sa cliente à la sortie en l'affranchissant de son plus beau sourire, sans rien voir non plus. J'écoute Funkadelic et le soleil brille, personne ne comprend vraiment la scène.
J'aimerais être Jack dans Lost, du type "je vais vous aider" et tout faire pour y arriver, mais face à cette situation, mon impuissance me dépasse.
Malgré tout ça, je reste serein. Je passe mon temps à me concentrer sur la personne, à me répéter inlassablement "réveille-toi" puis tourne les talons de la même façon dont je suis arrivé, instinctivement.
La question est posée: pourquoi ai-je été tellement serein justement, presque insensible, à cette scène?
Je savais que la situation craignait, que cet homme devant moi était en train de mourir et, rien. L'espace d'un instant, j'étais Meursault dans L'étranger, dans une totale torpeur, indifférent, mécanique. Lorsque j'y repense, des remords me parviennent, bien sûr, mais ils restent très modérés.
Ca n'a rien à voir avec un changement radical de personnalité, mais j'ai l'impression qu'il y a une relativisation, une acceptation et une habitude derrière tout ça, ce qui m'inquiète beaucoup.
Lorsque j'y repasse une vingtaine de minutes après, les pompiers sont autour et ne font plus rien, un autre pose un drap blanc sur le monsieur. Un flic regarde au loin en fumant une cigarette, il est mort, la layette se vend toujours.
4 Commentairess:
"J'écoute Funkadelic et le soleil brille".
C'est vraiment quand tu racontes ce que tu vis que tu trouves les mots les plus beaux. On y est, tout simplement. Je vois le pantalon de cet homme, le drap blanc, la vendeuse.
Moi aussi.
Merci.
Je viens de tomber sur ton blog pour la deuxième fois, j'y passe de temps en temps.
Ton écriture est tellement simple à lire et belle à la fois, je pourrais te lire sans cesse.
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