27.4.07

Je me suis levé bien tard ce matin, trop tard pour pour le petit déjeuner, je suis sorti sans rien manger


Ça commence comme les belles histoires. Il fait chaud, aucune pression ne se dégage de l'air, tout le monde semble détendu. Des moments anodins, sans réfléchir à rien, juste sentir une toute petite brise nous caresser le visage et rigoler pour rien avec ses potes. Ces instants d'été où rien ne compte, où l'on se détache complètement des obligations, des réflexions quotidiennes, où la confiance en soi semble naturelle.
Et puis un rendez-vous. Un rendez-vous avec une ex.
J'y vais détendu. Je ne l'ai pas vu depuis 5 ans mais peu importe. Si on est sorti ensemble, le courant devrait au moins passer un petit peu encore aujourd'hui. Quand elle arrive, je ne ressens rien du tout et je commence à m'interroger sérieusement: pourquoi mon coeur ne se soulève pas, pourquoi j'ai pas ce frisson, pourquoi je ne ressens rien-du-tout? Enfin, qu'on se comprenne bien, je ne m'attendais pas à retomber amoureux ou une connerie malsaine du genre, mais au moins être un petit peu ému, touché, quelque chose. J'ai passé du temps avec elle et notre relation avait beaucoup compté à l'époque.
Mais rien.
On se dit bonjour très simplement, comme si on se rencontrait pour la première fois, présentés par des amis communs dans un bar. Je prends les choses en main pour les premiers mots, des phrases communes mais qui l'engagent à de longues réponses: ses examens, son appartement, son bronzage. Je la questionne sans m'arrêter et ceci pour deux raisons:

1. Je ne sais absolument pas quoi lui dire. Un grand vide. Je ne suis pas tétanisé ou un truc du genre, juste que finalement je m'en fous et j'arrive pas à me concentrer sur ce qu'elle dit et ce que je pourrais dire.
2. Pour essayer de me rappeler de souvenirs oubliés en entendant le son de sa voix, en la regardant parler, marcher.
Mais rien.

Je l'entends mais ne l'écoute presque pas. Mon regard se lève et s'égare au rythme des croisements de rues, des magasins, des immeubles, je ne suis pas là, ce n'est pas en train d'arriver. Je sens mal la suite et ça se confirme vite. Elle veut qu'on aille dans un bar que je déteste particulièrement, une terrasse, pleine de monde, beaucoup trop familial. On commande au rythme d'étudiants en première année de socio et de bébés qui pleurent. Je suis très mal à l'aise, enfin je sais pas on n'a pas idée d'aller dans un truc aussi bruyant et si peu intime pour parler avec une personne qu'on n'a pas vu depuis 5 ans. En théorie on va dans un bar agréable avec des sièges en bois sombre et habillé de velours rouge. Un endroit calme où on ne va jamais, où on peut se parler doucement et sans être déconcentré toutes les 5 secondes par le petit Lucas qui joue avec sa voiture de police qu'il vient d'avoir.

Je prends ma première gorgée de bière et la regarde en me disant que les secondes vont être longues. Aucune animosité, juste une profonde indifférence, sans être méprisant, juste neutre. Je la regarde dans les yeux quand elle me parle et je regarde tout autour de moi quand je lui parle, sans savoir pourquoi. J'ai la conscience tranquille mais je ne suis pas à l'aise. J'ai presque envie de glisser "écoute, on recommence toute notre rencontre, c'est trop mal parti là tu trouves pas?" Et je pense à mes copains qui se baladent partout dans Strasbourg, je les imagine se vanner, sourire devant un beau popotin, pointer du doigt un nouveau truc alléchant au Rezoh.

Blablabla la famille, blablabla le quotidien, blablabla les connaissances communes, blablabla blablabla. Quand elle me parle j'essaie à nouveau de me rafraîchir la mémoire, en vain. Je vois qu'elle s'emmerde aussi, elle regarde ailleurs, joue avec son touilleur et guette l'addition retournée sur la table. Une impression dérangeante que personne n'ose prendre les devants pour dire "allez on y va?" et puis après avoir tout programmé (coup d'oeil sur le téléphone/coup d'oeil sur la montre/coup d'oeil sur l'addition) je lui sors "on y va?" avec une désinvolture qui me donne froid dans le dos. Je fais semblant d'insister pour payer ma part quand elle fait semblant d'insister pour payer ma part. Et puis à quoi bon, je la laisse payer.

En sortant, deux bises maladroites et rapides, un petit sourire et je m'esquive rapidement. Porta Pro sur la tête, la molette de l'ipod qui s'affole, vite, un truc qui me remonte le moral. Vite. Kool & The Gang, n'importe quel morceau, allez Get Down On It. Oh et non, j'appelle Diane, je dois l'entendre, je dois savoir d'où je viens vraiment, je dois savoir ce que j'ai au fond de moi, répondeur, je laisse un message, peu importe qu'elle ne réponde pas j'ai entendu sa voix sur le message et ça me suffit.
Ça recommence comme les belles histoires. Il fait chaud, aucune pression ne se dégage de l'air, tout le monde semble détendu. Je rejoins mes amis, une tarte flambée, une bière, des blagues grasses, des rires gras, des tapes dans le dos et un sourire en coin quand je les regarde se vanner.

Al Green - Here I Am (Come and Take Me)
Dick Annegarn - Coutances
Romain Duris & Joana Preiss - Avant La Haine
Ken Boothe - Is It Because I'm Black
Omarion feat. Usher & Fabolous - Ice Box (remix)


4 Commentairess:

Anonymous Anonyme said...

gimme five!

19:16  
Blogger Charly said...

wow l'autre il écoute Dick Annegarn, FRAGGLE !

00:04  
Anonymous Anonyme said...

je vote pour 'avant la haine'

11:53  
Anonymous Anonyme said...

MARIE

10:06  

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