20.4.07

Très sympa


Crédit: Brice

Ouais je sais, ça fait longtemps. Pendant tout ce temps, j'avais peu internet mais j'ai écris des tas de trucs, je vous livre donc un peu à la bourrin tout ça.


Ça faisait longtemps que je n'avais pas ressenti ces frissons, la sensibilité exacerbée et en même temps le sentiment de manque. Ces démangeaisons qui rendent fou, qui nous donnent envie de son dégueulasse et de cris jusqu'à la mort. Seth Gueko crache chacune de ses consonnes comme si sa vie en dépendait et m'envenime tout en me guérissant. Je saute à pieds joints sur les occasions de l'ouvrir, la tête la première et les conséquences pleuvent. On ne me rate pas alors que je ratais volontairement tous les autres.

Tout ça est tellement simple pour elles.
Elles se posent et commencent à chercher la merde. Dés qu'elles l'ont trouvé, ce sont de pures innocentes. J'ai toujours été loyal et honnête là-bas, j'ai toujours respecté mes collègues, j'ai toujours assumé mes erreurs, j'ai jamais balancé.
Après m'être calmé et m'être repassé In My Mind, je me sens plus calme, détendu, le soleil, le sourire. J'arrive au travail ambiance sympa "salut, bien?" et elles sont toujours là à bouder. Je les trouve vraiment ridicule, là, à se la jouer grandes fifilles et à avoir ces moues de débile. Je erre un peu dans le magasin, touchant des boites à droite à gauche et en disant bonjour pour feinter un peu.
Rester planter là, debout, sans bouger, les bras derrière le dos est d'ailleurs une de mes grandes hantises. Je sais pas, j'y arrive pas. Pas que je sois hyperactif - loin de là - mais ma conscience me rattrape et me glisse: hého Brice, tu fous quoi là?
La même conscience qui me pousse avec force à aller m'expliquer calmement avec ces nanas. Donc j'y vais, détendu, je les regarde dans les yeux et amorce la discussion:

- Bon, peut-être qu'on peut parler, on est des grandes personnes non?
- OUAIS MAIS J'EN AI MARRE DE CES ENFANTILLAGES ÇA ME SAOULE
- Bah justement on va s'expliquer pour les arrêter ces enfantillages.

* Elle continue comme si elle avait rien entendu *

- HEIN BON MOI AUSSI IL ME SAOULE CE BOULOT C'EST BON ET J'EN AI RIEN A FOUTRE DE CES ENFANTILLAGES (deux fois enfantillages, ptete qu'elle venait d'apprendre le mot la veille dans sa grande entreprise de lecture exhaustive du dictionnaire).
- Bon, on descend pour parler? Ça sera plus calme. (J'essaie vraiment de rester calme vous voyez)
- NAAAAAN JE VEUX PAS PARLER ÇA ME SAOULE.

A ce moment je ressens une sorte de grande poussée en moi, je sens que je tremble un peu et je m'imagine lui coller une énorme baffe - du haut vers le bas - en pleine gueule. Mais bon gentleman poetic lovers tavu donc je fais rien et je me barre, exaspéré.

Je tente la deuxième nana quelques minutes après.

- Bon, peut-être qu'on peut parler, on est des grandes personnes non? (j'ai qu'une phrase d'intro)
Là je me lance dans une explication à base de métaphores canines, d'esclavagisme, de respect, d'ancienneté et d'autres trucs pas intéressants, ce à quoi elle répond:
- Écoute, on est tous sous pression en ce moment (ah?) et puis là j'ai pas envie d'en parler ça me saoule.

Et donc là elle part. Je la regarde en souriant et lui dit: mais pourquoi vous refusez toutes le dialogue?
Et puis donc je suis dix fois plus énervé qu'avant. Qu'est-ce qu'on fait quand on est vénère? On peut taper dans les murs oui mais bof, je décide plutôt de sortir fumer une cigarette en profitant du soleil. Là tout va très vite, cette phrase de Gueko qui me trotte en tête: "J'en ai plus rien à foutre, allez niquer vos mères", le brouhaha autour de moi, mon téléphone que je fais tourner dans ma main gauche, j'appelle les assedics et leur demande comment ça se passe pour la démission, si je touche quelque chose ou pas. Réponse: oui. Réaction: attendre les patrons et leur dire au plus vite.
Je me sens complètement relâché, je souris, les filles font la gueule et je les regarde en secouant la tête et en rigolant doucement, comme dans les films genre "ahahaha quelle bande de petites putains". Les clients, je les regarde et ne les aide quasiment pas.
Je ne sais pas si vous savez ce que c'est de dire bonjour madame, au revoir madame à chaque madame que tu vois. Chaque madame. On dira, allez, deux madames par minute qui rentre dans le magasin, donc pour une journée de travail ça va me faire 1020 bonjour madame et 1020 au revoir madame. Bon parfois pas, parce que y'a des monsieurs aussi et parce que je triche, je leur dis pas tout le temps. Rajoutez à ça le classique "j'peux vous renseigner peut-être?" naturellement suivi du "oh ça ira merci je regarde juste", j'ai plus trop envie de m'investir dans le relationnel là. Me prendre des vents toute la journée c'est pas trop mon truc.
Une fille seulement, un peu plus jeune que moi qui me répond que oui je peux la renseigner et qui me fera chercher les modèles qui me plaisent dans le style qu'elle veut, on jugera et tranchera ensemble pour sa paire. On parle de la vente, elle y travaille aussi et à envie de défoncer les 3/4 des clients, on se ressemble un peu et je lui dis que je passera la voir dans son magasin, sans trop y croire au fond.
Enfin vous voyez, dans ces moments je suis content de travailler. J'étais avec une nana sympa, avec qui j'ai été franc. Pas du tout l'impression d'avoir fait la pute. Une paire que j'aime bien de vendue. Le soleil et Ridin' High d'8 Ball et MGJ qui passe. Là oui ok.

S'en suit une soirée mouvementée avec un débat vénère entre le copain de ma mère et moi, puis la décision de pas partir tout de suite pour de longues raisons reloues à expliquer. Bon en gros si je pars là je peux pas bosser dans le truc de photo en août parce que j'aurais pas cumulé assez de mois pour les Assédics. Blablabla.
Finalement je suis toujours là et je ne pars pas. J'ai pas envie de baisser les bras, j'ai pas envie de sentir l'échec, je veux finir et avoir la conscience tranquille, être fier de moi (toucher mes indemnités de fin de contrat). Je repars pour 3 mois, plus désinvolte et paradoxalement plus déterminé que jamais. Je verrai bien sur le long terme, peut-être que quand je serai papi je raconterai cette anecdote qui s'est passé le dernier jour de mon contrat chez Texto, en juin 2007, quand ma vie a changé ou une connerie du genre.


Vient ensuite cette semaine de vacances et cette fois c'est pas comme d'habitude.
Enfin normalement je rentre dans le train à gare de l'est, je suis triste, le train roule et 1h après j'arrive à réaliser que je vais retrouver le quotidien alsacien: le TER, le boulot, les rues, la stub, ce genre de trucs. Là quand le train part, je me sens très mal, je ne sais pas où je vais, pourquoi j'y vais. Pendant une vingtaine de minutes je resterai là, à regarder le paysage défiler, les yeux dans le vide, sans penser à rien et en pensant à tout. Hypnotisé, perdu.

Il faut dire qu'il y a de quoi.

Enfin une semaine entière à Paris, pas un truc en moins de 24h comme tout le temps, bonjour/au revoir. Une vraie semaine. Tout s'étendait, une impression d'éternité, des projets tous les jours. J'avais l'impression de revenir en arrière, dans ces moments où j'étais scotché chez Diane et que je ne réalisais pas la chance que j'avais. Là je m'endormais avec elle, je me réveillais avec elle.
Tout était redevenu comme avant, pour ces jours qu'on feint de ne pas compter. Je sais pas, quelque chose d'intemporel, d'éternel. Prendre l'avion et partir dans un pays, voir un paysage totalement différent, d'un coup. Le soleil puissant, des vacances qui me sortent de la merde à une vitesse impressionnante. Tout était normal mais tout semblait être touché par la grâce. Tous les mots, tous les gestes. Encore maintenant quand j'y repense - alors que ça ne fait que quelques jours - je vois un croisement de rues avec un soleil de plomb, le tout assez flou, avec une caméra qui navigue de gauche à droite, doucement.
On trouve des nouvelles blagues, on trouve des nouvelles façons de parler, on trouve des nouvelles grimaces. On n'a surtout plus du tout cette impression fatiguante de faire du sur place, de stagner à cause de la distance.

Et pas une seule fois je ne pense au travail, pas une seule fois. Pas une seule fois je ne pense à la caisse, aux boites de chaussures, aux clients, à mes collègues, à la solitude. Je ne vis que pour ce moment et les barrières mentales que je me suis fixé semblent tenir (ce qui est plutôt étonnant parce que si on me dit de ne pas penser à quelque chose, j'y pense tout de suite. Enfin tout le monde est comme ça non?)

Alors vous comprenez, quand le train part c'est impossible de me dire que tout va bien se passer. Je me plonge dans Le Monde Selon Garp que je relis avec un plaisir immense (je commence sérieusement à me dire que c'est le meilleur truc que j'ai lu de ma vie), je m'endors aussi, je me réveille en cherchant diane du regard après avoir rêvé que j'étais encore chez elle.
Quand j'arrive à Strasbourg, je commence à me sentir nerveux. C'est le fameux moment où je suis plein d'espoir et où les questions sont posées sans peur des conséquences.
Qu'est-ce que je fais là? Pourquoi je repars pas demain en abandonnant tout?
Il me parait totalement inconcevable de tout reprendre ici. Pas que je m'en sente incapable/pas assez fort, juste que j'ai vraiment l'impression de valoir mieux que ça. C'est rare ces écarts de grande prétention mais ça me réconforte, une couette après une grande marche sous la neige en hiver.
Le copain de ma mère vient me chercher, rien que la plaque de sa voiture me déprime, on n'a rien à se dire, nos conversations se limitent à une question, une réponse et rien pendant dix minutes. Puis une nouvelle question, une réponse et encore rien. Tout se mélange dans ma tête et je m'imagine avoir un volant de mon coté - comme à l'auto école - et le tourner doucement vers la gauche, de plus en plus. Je m'imagine accélérer. Je m'imagine aller tout droit. Mais qu'est-ce que je fais dans cette voiture?

J'essaie vraiment de me calmer, de me faire une raison. J'essaie vraiment de me demander pourquoi je fais tout ça, pourquoi je suis là. Je crois sincèrement que nos actes nous guident quelque part. Je crois aux causes et aux conséquences, au "aide toi et le ciel t'aidera" (et paradoxalement je ne crois pas au destin). Enfin tout ça c'est un jeu de conscience. S'imaginer un moi futur qui nous guide, nous dit de faire ça parce que ça nous emmènera là, que faire ça nous apprendra ça, que faire ça apportera ça à cette personne.

J'analyse donc généralement beaucoup mes actes passés à travers mes actes futurs et j'espère vraiment que ce que je fais maintenant me mènera encore bien plus haut que ce que je vise parce que là je galère bien plus que que ce je pensais.


Interlude musical:



Bon sinon j'ai fait mon premier FREE HUG. Contre toute attente d'ailleurs, pour deux raisons:
- Normalement, si j'ai bien compris, tout le monde a un point de rendez-vous et hop des câlins des câlins des câlins. C'est plus ou moins organisé quoi. Câlin organisé = zéro charme.
- J'ai toujours trouvé ça débile, enfin je sais pas, cette espèce de manifestation d'amour envers n'importe qui, ça sonne un peu trop comme un rattrapage de mauvaise conscience. Une confession des temps modernes. On abandonne les églises pour adopter la rue mais au final, c'est le même état d'esprit.

Bien sûr c'est très pessimiste ça encore, la remarque au milieu du repas qui casse l'ambiance. Exactement comme lorsque qu'un homophobe se lance dans un discours horrible et qu'il y a un gay à cette même table. Me croyant plus malin, je m'obstinais quand même dans mon idée.
Et puis voilà. Je sors de chez le coiffeur, dans cet état d'esprit caractéristique: détendu, l'odeur de la cire qui se ballade autour de moi, Betty Davis, en confiance. Je me ballade dans les rues de Strasbourg à la recherche d'un truc à acheter (il y a ces jours où si l'on ne rentre pas avec quelque chose de nouveau on est vraiment frustré). Au loin, un groupe de filles avec une pancarte tenue à bout de bras. J'hésite entre un enterrement de vie de jeune fille et une manifestation pas assez intéressante pour ramener du monde, une manifestation contre les languettes rouges sur les portions de Vache Qui Rit par exemple (tout le monde sait qu'elle nous pète toujours entre les doigts et qu'on doit finir d'ouvrir l'alu en se mettant du fromage partout sur les doigts, c'est dégueulasse quoi).
Le groupe se rapproche et je lis au loin "câlins gratuits". Tiens tiens. Je vois aussi que ces filles sont toutes jeunes, 12 ans peut-être. Je passe à coté d'elle avec un regard et un sourire en coin. La chef du groupe, celle élue démocratiquement pour porter fièrement la pancarte me regarde avec insistance. A ce moment-là j'ai deux choix: Soit détourner le regard et continuer, soit aller faire ce putain de câlin. Tout se mélange et finalement ce gros "Oh et puis merde" résonne dans mes oreilles et je vais la voir. Elle est toute souriante quand je m'approche et je me demande si on doit parler avant, si y'a des échauffements, je sais pas, un truc pour se mettre en condition. Elle répondra à ma place en se jetant dans mes bras.
Bizarre, en temps normal j'aurais été sûrement gêné d'être là, au milieu de la rue, en train de faire un câlin avec une fille de 10 ans de moins que moi mais en fait c'est très agréable. J'ai l'étrange impression de faire un câlin à ma petite soeur - sauf que je n'ai pas de petite soeur - et j'ai envie de lui dire des choses réconfortantes de grand frère, genre "tout va bien aller, ne t'en fais pas, tout ira bien". Je la serre un peu plus fort, elle aussi. Un peu plus et je fermerais les yeux en fredonnant Love is all. Ses copines me voient et se ramènent toutes vers nous puis nous entourent. Je fais deux têtes de plus qu'elles et je suis au sommet de la ronde des câlins. Une dizaine de collégiennes qui me serrent/se serrent aussi fort que possible.

Lorsqu'on se sépare, elles me sourient toutes et m'avouent que ça marche pas beaucoup, ce qui m'étonne peu: Strasbourg est une ville très froide, au sens propre comme au sens figuré. La chef me dévisage avec fascination (sans prétention aucune, bien sûr) et me dit que je suis très sympa, avant de rejoindre ses amies en rigolant.
En reprenant ma route, j'ai un grand sourire et je me sens bien.
Bah quoi, un compliment reste un compliment, même si la fille a douze ans.

Betty Davis - Gettin’ kicked off, havin’ fun

Jane's Addiction - Idiots Rule
Lil' Wayne Ft. T.I. Rick Ross & Akon- We Takin Over
Elli et Jacno - Les Nuits De La Pleine Lune

Un bon clip bien moche pour finir:

7 Commentairess:

Anonymous Anonyme said...

merci pour la kassdédi musicale!
joie dans mon coeur!

13:58  
Anonymous Anonyme said...

Red Hot (chou) <3

Si c'était moi avec le carton "Free Hugs" tu m'aurrais foutu un vent, j'le sais !

09:31  
Anonymous Anonyme said...

En lisant ta phrase sur le fait que les free hugs soient faits pour se donner bonne conscience, j'allais commenter en disant que non, c'était seulement pour répandre un peu de joie, donner quelque secondes de bonheur niais au gens, qu'ils repartent le sourire aux lèvres.
Mais tu l'as vécu toi même alors j'ai pas besoin de ...ah ben si je l'ai dit.

Sinon, pour répondre à ton commentaire d'il y a longtemps maintenant : bien.

14:53  
Anonymous Anonyme said...

Mais la véritable question, c'est celle-là: Est-ce que tu as voté Sarkozy?

16:44  
Blogger Brice said...

franck: Et ouais!
Lucie: AHAHAHAHAH
Manon: Voilà, parfois je me range vraiment dans des idées débiles en taxant ça de conneries d'hippie ou de trucs du genre et en fait je fais vraiment fausse route.
Stéphane: Ca va pas? Je vais sûrement ecrire là-dessus en disant ce que j'ai voté. Enfin tout mais pas Sarkozy. Tout mais pas la droite en fait.

20:20  
Blogger B.J. said...

1) Fais gaffe a la pedophilie.
2) A Bordeaux j'ai peur des free hugs, je me demande toujours si ils se sont lavé(e)s, l'hygiene quoi.
3) Tout sauf Sarkozy.

11:05  
Blogger hianta said...

c'est normal c'est le meilleur truc que t'ai lu.

00:16  

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