30.11.06

De retour


J'aurais pu appeler cette note "retour vers le futur" parce que finalement c'est ça, mais c'est bien trop cliché.
Donc voilà, des mésaventures de taxis, la gare de l'est, des sacs dans les bras, le train qui part lentement et la pluie qui commence tout juste à tomber. Je me faufile dans le dernier Hornby pour ne pas penser à la tristesse qui me submerge.
Je ne sais pas si pour vous c'est la même chose mais quand on est dans une situation délicate, on trouve toujours des métaphores appropriées n'importe où: dans l'horoscope du jour, dans les articles de journaux, dans le temps qu'il fait, dans les regards des personnes que vous croisez dans la rue, dans les lignes du livre que vous êtes en train de lire etc.
C'est désolant, voire triste pour quelqu'un comme moi qui ne crois que très peu aux coïncidences. Enfin remarque, tout ça c'est du blabla pour se croire plus adulte, au fond je crois au hasard, au destin et parfois même, je crois aux événements surnaturels (sauf la maison pleine de pommes, faut pas aller trop loin).

Le train.
Comme toujours dans le train j'ai le don d'être avec quelqu'un de super relou et/ou dans un cadre inconfortable. Un homme s'assied devant moi, il fait 2 mètres au moins, un air de mec qui rentre d'une réunion informatique à Paris, et il est en face de moi. Bien sûr, j'aurais pu changer de place sauf que c'était plein à craquer. Il s'excuse directement de sa taille et se demande comment on va faire pour nos jambes (je l'excuse bien sûr, c'est pas de sa faute si ses parents sont inconscients au point d'avoir fait de grandes jambes à leur fils) et je me mets de profil, comme j'ai l'habitude de le faire dans la 14 sur les places individuelles.


Vous Descendez ?
est bien, je ne le place pas au même niveau qu'haute fidélité ou About a boy, mais il se lit bien et on se reconnaît comme toujours dans les personnages. Dans celui-ci, je me vois un peu comme cette ado junkie survoltée qui veut se suicider après un chagrin d'amour et ce présentateur télé qui, après avoir couché avec une fille de 15 ans, fait de la prison, perd sa femme et ses enfants et retrouve une émission dans un show télé ridicule du câble entre 3 et 5h du matin.
Je ne sais pas trop pourquoi je m'identifie à eux, peut-être parce que je suis pris dans des remords de conscience qui oscillent entre trop en faire et gâcher des situations parfaites. Ce qui concorde finalement.

Pendant le trajet je me dis qu'il serait temps de faire une liste des choses que je regretterai pas à Paris, alors c'est le moment:

- Le metro
- Par conséquent, le RER
- Les pigeons. Oui bon là je fais une parenthèse: ok les pigeons y'en a partout, c'est comme ça, mais vous avez remarqué qu'à Paris ils sont, je sais pas, sûr d'eux? Si tu marches juste à coté ils ne réagissent pas, ils continuent de balancer bêtement leur tête débile en marchant comme des débiles. D'ailleurs si quelqu'un sait exactement à quoi sert un pigeon, qu'il me le dise, j'en serais ravi.
- Les Halles le samedi après-midi
- Les vendeurs de Kiliwatch
- Mon appartement (et sa chasse d'eau - pétée - )
- Le quotidien (comprend qui veut)
- Mon voisin d'en face qui se mettait souvent à crier très fort en pleine nuit: MAIS POURQUOI T'AS JETE MON DESSERT? IL ETAIT POUR MOI, T'ENTENDS? POUR MOI! NOOOOOON! FERME TA BOUCHE! NOOOOOON!

(Par ailleurs je comprends mal le "ferme ta bouche", comme s'il venait de se souvenir qu'il vivait en résidence, qu'il était 3h du matin, que sa voix de merde avait du réveiller les 3/4 des résidents et que tout à coup, il prônait la politesse).



Brasserie Fischer, brasserie Heineken, la voix dans le speaker, le train qui s'arrête. Le froid qui te montre bien que tu es en Alsace. Strasbourg. Revoir la gare me fait un drôle d'effet, sûrement parce que je sais que je ne reviens pas que 5 ou 6 jours me la couler douce.
Une soirée avec presque tout le monde dans un bar horrible, rigolo 10 minutes et déprimant tout le reste du temps. De la musique horrible, des personnes toujours inconnues qui n'ont pas changé depuis des années, toujours les mêmes phrases, toujours pareil.
L'anniversaire qui pointe son nez sans que je m'en rende vraiment compte. Comme un Noël sans neige quelques semaines avant. Comme un noël sans Maman j'ai raté l'avion ou les Gremlins à la télé. Comme un noël sans le vinyle de Tino Rossi sur le gramophone. Je ne sens rien, aucune excitation, aucune peur, aucune joie, aucune haine, aucune envie.
On fait toujours le bilan dans ces moments, mais là non. Est-ce que ce genre de choses change vraiment quand on grandit? Je veux dire, est-ce qu'on est là, assis sur son canapé devant un film pourri et que l'on fête son anniversaire avec un plateau repas Fleury Michon? Les coups de minuit sonnent et on ne pense qu'au film de cul qui va passer?
C'est pour ce genre de choses que je veux une vieille édition de Peter Pan pour noël.

Je revois tout le monde et c'est touchant, on m'offre des cadeaux, on me sourit, on me souhaite mon anniversaire. Même des personnes que je ne connais que de vue sont très agréable avec moi. Pendant cette fête tout parait irréel: la lumière rouge de la chambre, voir des personnes lever les bras sur le Dudun Dun de Boys Noize que je suis en train de passer, les relations, les discussions, qui parle avec qui, les nouveaux, les anciens, la police, la musique pas trop forte, les gens qui continuent de danser, l'alcool. Je ne sais plus vraiment où je suis et c'est tant mieux.

Bon bref, je n'ai pas à me plaindre à ce moment, depuis mon retour je n'ai fait que la fête et j'étais toujours entouré. Le seul problème c'est quand diane part, trois jours après et que je me retrouve d'un coup avec l'impression de n'avoir plus rien. Je pars avant que le train ne s'en aille, pas assez fort pour voir ça - la main sur le carreau, le regard triste, l'expression de panique quand le train file de plus en vite - je descends les escaliers doucement et je vais m'acheter une veste Stüssy pour mieux supporter, cadeau d'anniversaire.
C'est drôle comme acheter des trucs peut te réconforter, c'est drôle et totalement débile aussi. C'est dans Clueless où il y a quelque chose comme ça? "Quand tu déprimes, va faire du shopping' ? Je sais plus.

Depuis c'est la recherche de travail. Il y a un vrai truc horrible dans ma situation, c'est de retourner dans des endroits où tu étais toujours fourré avant, ou tu as même parfois travaillé et te rendre compte qu'on t'a oublié. Je rentre à la médiathèque, je ne parle qu'avec une seule personne, les autres travaillent tranquillement, pensant que je suis un abonné. Je rentre dans un bar où on avait pour habitude d'aller dans nos soirées calme en semaine (type pub, bois, pinte, vieux bourrés qui veulent se battre avec le patron etc.) et la serveuse ne réagit même pas. Où est passé le temps où, quand on ouvrait la porte, on nous saluait et on nous indiquait nos places fétiches? J'en veux inconsciemment à mes potes de n'avoir pas entretenu ce genre de détails qui me tenaient à coeur dans cette ville.
Et puis bon, je redécouvre tout, les mots "Platane on vous nique - Venez nous le dire en face et on vous déglingue" sur les murs, les caissières du Match, le lycée, le collège, le primaire, la détresse mentale qui se lit dans les yeux des passants, "autonomie elsass". C'est touchant au fond.

Je ne sais pas comment finir, je tapais des trucs mielleux plein d'espoir en écoutant Singuila mais en me relisant je trouvais ça bidon, alors il n'y aura pas de fin. Mais des mp3s.

The Whip - Trash
Mr Capone E Ft Twista - Don't Get It Twisted