And the first thing, I saw you. And I said "this will be one terrific day so you better live it up because tomorrow, you'll be nothing"
Quand Franck et Emilie partent à 3h du matin, je préfère rester, puis m'en mords les doigts la minute qui suit. Slalomant entre du gel et des poitrines grossièrement siliconées, je me demande pourquoi je suis encore là, saoul, assis sur ce canapé, à regarder sans aucune expression mes amies qui dansent sur la table. Toutes ces bouteilles partout, des discussions intéressantes ou non, tout ce merdier, les bouffons de Tillate, le chaos dans un endroit un peu classe. Les lumières s'agitent au ralenti, je suis hypnotisé et j'ai des notes de basse dans la tête, du type She's Lost Control. C'est fini je ne m'amuserai plus vraiment de la soirée. Le retour rimera finalement avec 6h du matin, mal aux pieds, mal au crane.
Le lendemain, la décision tombe: j'arrête de fumer.
Au départ c'est chaud, il me reste des cigarettes chez moi, d'anciens paquets, de très vieux paquets oubliés. Je les cherche, la rage au ventre et les fume toutes. Bon, tranquillement, deux maximum par jour. C'est d'ailleurs très compliqué à gérer à ces moments, je meurs d'envie d'en acheter .
Je me revois ces soirs de 16 ans, sans cigarette. Je pouvais passer trois heures à me balader en ville pour en trouver une. Je crois que depuis que j'ai commencé à fumer, j'avais d'ailleurs jamais passer un jour sans fumer. Vous vous rendez compte? 7 ou 8 ans à tenter d'effacer de ma mémoire. Je trouve le remède assez vite: la bouffe. Je mange touuuut ce que je trouve, c'est un carnage total.
Au bout de quelques jours, pris de remords, je me lance dans le sport. Ouaiiis ouaiiis. Bon j'en ai toujours un peu fait (ou j'ai plutôt toujours eu un peu envie d'en faire). Je ressors le Sunn plein de poussière et je trace dans la forêt. Au départ je fais de mon mieux, pour arriver mort d'épuisement chez moi quelques dizaines de minutes plus tard. Puis, au fur et à mesure, je commence à gagner en endurance, je sens que je progresse, que le plateau 3 à la vitesse 7 passe bien, je sais quand accélérer, quand me calmer, je connais le trajet, je fonce tête baissée dans les chemins de cette forêt. Forêt "bonne ambiance" d'ailleurs parce qu'une femme a été retrouvé morte il y a quelques mois de ça dans cette forêt, pas très loin de l'entrée. Le tueur n'a pas été attrapé et parfois je me demande s'il me voit passer quand je suis en vélo (ce qui me fait rouler encore plus vite oui).
Je me souviens d'une des premières fois où j'y ai pensé, j'ai posé mon vélo et j'ai attendu un peu. C'était un dimanche tranquille, il faisait très beau et le vent caressait mon dos transpirant. Je me suis assis sur un rondin de bois et j'ai attendu. Comme un maniaque, je guettais chaque bruit, chaque mouvement, sans savoir pourquoi. Une dizaine de minute plus tard, je suis reparti. C'était sûrement pour me débarrasser de cette idée, comme quand on voit Blair Witch et qu'on va en forêt la nuit juste après, pour expulser sa peur vous voyez?
Enfin oui, le vélo. J'en fais presque tous les jours à ce moment, ça devient une drogue. C'est d'ailleurs ce qui m'effrayais dans tout ça, le coté addictif. Je faisais du sport plus jeune et ça en devenait viscéral, je me sentais obligé de faire ça. Aujourd'hui je gère mieux mais toujours ce sentiment de culpabilité si je n'ai pas fait ci ou ça.
Je calme le vélo lorsqu'il commence à faire froid et me réfugie dans la natation.
La piscine et moi c'est une drôle d'histoire.
JE RACONTE:
Vers 6 ou 7 ans, les otites s'accumulent, on m'opère, l'opération déconne, on me perce le tympan. Je suis obligé de porter un bouchon de silicone dans l'oreille + un bonnet de bain si je veux me baigner. Autant dire que, rongé par la honte, je ne vais jamais à la piscine et je dois attendre un an plus tard l'opération libératrice.
Toute la frustration accumulée explose et mon envie d'apprendre à nager est plus forte que tout. Dés que possible je fonce à la piscine et mon père, ancien maître nageur, m'apprend tous les rudiments de la natation: brasse, crawl, plongeon, comment frimer en plongeant, comment frimer en nageant etc.
En quelques jours je nage plutôt pas mal et mes notes de piscine en cours auront eu raison de toute les moqueries précédentes.
C'était la belle parenthèse.
Bref, aller à la piscine je le ressens toujours comme un privilège, je m'y sens toujours bien. L'eau c'est vital, je me souviens de Kraeger qui m'explique son rapport avec l'eau et la façon dont je me suis reconnu dans ses dires. C'est essentiel et cette harmonie avec l'eau est telle que j'ai l'impression d'être une autre personne quand j'en sors.
Amusant de voir que je n'ai toujours aucune endurance en crawl. La brasse coulée reste la grande nage. Je suis toujours dans l'optique d'aller plus loin, la souffrance. Putain le sport c'est uniquement de la souffrance c'est horrible. Ce matin même schéma. Je rentre dans l'eau tranquille, mouille mes verres de lunettes, m'enfonce dans l'eau et ondule. Je nage assez longtemps, fais une pause, ainsi de suite.
Arrive un moment fatidique. Certains sont partis, je suis quasiment seul dans ce grand bassin, mort de fatigue. Je pense à pleins de choses pour essayer d'oublier la douleur, j'essaie de réguler ma respiration, de calmer le jeu puis tout s'arrête. La fatigue s'en va. Je ne ressens plus rien. Je suis comme neuf, comme si j'appartenais à l'eau, comme si j'étais moi-même l'eau. Je me remets à nager plus vite, plus fort, je ne ressens plus rien, juste l'eau qui retient mes mouvements. Une demi heure plus tard je sors, détendu, droit, fier.
Cette confiance en moi m'apaise et quand je sors, mon regard est totalement différent.
Malgré tout, je comprends toujours mal certaine choses.
Enfin je ne sais pas, j'enchaîne les soirées dans des endroits un peu pointus, d'autres beaucoup moins et tout se mélange.
J'aime regarder les personnes danser - j'ai pas attendu Katerine pour ceci - c'est vraiment magnifique. L'intensité pure, les gens à fond, ceux qui meurent sur place pour le morceau.
Au Rex, quand Boys Noize lance Lava Lava, je me prends des décharges claude françois danse le disco avec moi kind of thing. Il n'y a plus de scène, plus de public, tout le monde danse en groupe et chacun danse pour soi, un mec dégueule avec puissance derrière les enceintes mais on ne sent rien, une autre dimension. Personne n'essaie de peser, les gens pèsent, c'est inné c'est comme ça. Aélpéacha est au fond de la salle, en col roulé, mal rasé et en charentaises.
Autre part c'est l'inverse. Le mot d'ordre est vulgarité, j'ai l'impression que tout est sale, prévisible. Comme certains pornos, on connaît toutes les positions à l'avance, l'actrice est mauvaise, on arrive pas à "rentrer dedans". C'est hyper déprimant, je sais pas si vous connaissez ce sentiment du porno nul, c'est vraiment triste.
Il n'y a plus de finesse, plus d'amour, plus d'amitié. Se mélangent avec brutalité matching bidon et prétention déplacée.
On n'est pas comme dans Blue Magic:
North beach leathers,
Matching Gucci sweater,
Gucci sneaks on to keep my outfit together
Non non.
C'est pas le fait de s'afficher qui me dérange, au contraire, c'est quand c'est mal fait, quand c'est ridicule, ça me rend triste.
Je suis un mec à l'ancienne quoi, petits pas synchronisés qu'on a répété à dix, je viens de là où le soleil brille, où les gens se parlent avec le coeur, ce genre de trucs! Là c'est plus du tout humain, c'est des sales codes un peu partout, bien trop vulgaire. Ça me rend triste ouais, comme le mauvais porno.
Pleins d'autre choses à raconter mais aucune envie d'approfondir: Je ne pars plus en Suède (tout va bien), je reprends les cours l'année prochaine, j'entame un beau stage dans un studio photo, je suis toujours trop in love. Bref ça roule.
Alfie Silas - Put The Freeze On
The Hives - T.H.E.H.I.V.E.S. (prod Pharrell Williams)
Southcide 13 - Chasseur de Skins
Michael Jackson - Remember The Time
TSN - Plus Fort
Zapp - Do You Really Want An Answer
René & Angela - Who's Foolin' Who
Tool - Lateralus
Madame X - I Wonder