J'vous préfère en uniforme
Crédit: Brice
Je ne sais vraiment pas pourquoi je suis toujours autant attaché au passé. Pourquoi je suis tellement nostalgique. Un psy me dirait que j'ai manqué de quelque chose, ou manqué quelque chose pendant mon enfance, je lui donnerais son argent et partirais en me disant que c'est des conneries.
Oui parce qu'au fond je n'ai jamais manqué de rien. Tout l'attirail essentiel du petit gars était là: j'étais libre, je grandissais avec mon frère et mes potes, je traînais en faisant du roller, je draguais des filles, je faisais des boums.. Enfin aucun réel manque ne se faisait ressentir, pas de truc qui m'empêchait de vivre.
Ces derniers jours sont marqués par l'achat d'un dd externe, la disparition du "espace disque faible" et la libération totale. Qu'est-ce qui va avec un achat comme celui-ci? Le téléchargement massif. Je cours après tous ces albums qui ont marqué ma vie et que j'ai perdu en soirée, pendant un déménagement, qui sont rayés ou pétés en deux.
Il y a a tous ces albums de punk, des Rancid à NOFX. Il y a tous ces albums de rock, des Smashing Pumpkins au Red Hot. Il y a tous ces albums de musique électroniques, d'Autechre à Radiohead. Il y a tous ces albums de jazz, de Miles Davis à l'Art Ensemble Of Chicago. Il y a en a encore trop.
Il y a toutes ces heures passées à la fnac de Strasbourg, à rechercher des albums impossibles à trouver, à se sentir bien dans ce cadre immaculé, à écouter n'importe quoi, à lire n'importe quoi aussi. Il y a toutes ces heures passées à lire les magasines sans vraiment écouter les conseils des chroniqueurs. Il y a toutes ces heures passées à la médiathèque, à laisser sa main se dérouler sur les boites de cd et en piocher un au hasard. Regarder la pochette et décider. Et tout le reste: les Fluide Glacial, les Freak Brothers, les Calvin, les Pieds Nickelés..
Quand je réécoute White Trash, Two Heebs and a Bean, ça n'est pas un frisson qui me parcoure, c'est une décharge. C'est étrange cette faculté d'enregistrer les images par la musique. De se rappeler de situations insignifiantes parce qu'on avait écouté une chanson juste avant.
Je connais encore cet album par coeur, le moindre coup de caisse claire, le moindre solo de guitare. Je revois la cassette, achetée amoureusement (pas ma première, le premier truc musical que j'ai acheté c'était le maxi Roots Bloody Roots de Sepultura) que je glissais dans mon walkman. Mes casques toujours pétés, airwalk aux pieds et les hauts Liberto, Rip Curl, Quiksilver, Rusty.. Enfin la frime de l'époque. Les longs trajets en voiture à visualiser les parties de batteries, à les imaginer dans leur quotidien, à essayer de comprendre les paroles.
La plupart des morceaux qui m'ont vraiment marqué me reviennent tout le temps en ce moment. Je suis là, au travail, bien habillé et bien coiffé, les mains dans le dos en alliant sourire et accueil et d'un coup j'entends Joey Ramone qui gueule "NOW I WANNA SNIFF SOME GLUE". D'autres fois j'encaisse tranquillement une cliente et j'entends Tim Armstrong chanter "I WAS SO FULL OF SCOTCH I COULD NOT STAND UP".
Les seuls moments où les doux accords mineurs me caressent les oreilles, c'est quand je sors fumer une cigarette, au calme. Toujours ce refrain de Tom Waits "She's my coney island baby, she's a princess in a red dress", toujours ce sourire mêlé à de la tristesse, toujours cette balance sentimentale étrange. Toujours Diane.
Une semaine de vacances arrive, Paris, une semaine. C'est vraiment la seule chose qui me permet de tenir en ce moment. Ce boulot me pourrit chaque jour de plus en plus. Je ne sais pas si c'est ces chansons sont un appel ou quelque chose, si ma conscience me dit ouvertement que je n'ai rien à faire ici. J'aime le penser en tout cas.
La bonne nouvelle c'est qu'à partir d'août je devrais commencer à bosser dans un studio photo à temps plein et en CDI.
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