Pas de zoophilie dans le titre yo.
Chez moi je sors pour fumer, je sors parce que je sais que ma mère n'aime pas l'odeur et même si je pense pouvoir troquer une cigarette à la fenêtre de temps en temps (grande avancée ouais) contre plus de tâches ménagères, je préfère pas tenter.
Non parce que finalement, fumer dehors c'est plutôt agréable. On dirait que tout se déconnecte d'un coup. Et puis je peux vraiment écouter de la musique sans regarder tel ou tel site qui me distrait trop pour me faire une réelle opinion sur les dix albums par jour que je télécharge fiévreusement (et débilement ok un point pour vous).
Je me souviens de cette fois où je fumais, assis sur les escaliers et où j'ai machinalement tourné la tête vers les escaliers du voisin. Là, un chien me fixait. J'ai essayé de l'amadouer "hé toutou, ça roule, tu fais quoi? Tu dragues un peu les nénettes du coin?" mais il restait imperturbable. Il me fixait, tout simplement. Las de ces tentatives de dialogue, je détourne le regard et aperçoit un autre chien plus loin. Il marche doucement et tourne un peu en rond. Oui, c'est un vieux chien. Enfin c'est ce qu'il me semble.
Depuis je me suis habitué à le voir, à me sentir mal pour lui, le voyant galérer pour monter des escaliers. J'ai ensuite fait la connaissance de son maitre, ouais mon voisin, exactement. Ce voisin m'apprend (après avoir dûrement gagné sa confiance à base de quelques "bonjours" enjoués et de "bonnes soirées" sincères) que ce chien avait 19 ans et qu'effectivement, il avait des problèmes maintenant. Il ne voit plus très bien et galère pour marcher. Lui, le maitre, (mon voisin, ok vous suivez) semblait imperturbable, il me disait ça avec une sérénité exemplaire, ce qui me réconfortait sincèrement et m'empêchait une tristesse démesurée.
Hier soir, le même rituel de "bonsoirs", je vois le chien fixeur et l'autre vieux chien. Je remarque que désormais il a vraiment des problèmes pour avancer, le voisin me regarde et dans la lumière du spot automatique, je perçois comme une larme. Il m'annonce la voix un peu brisée que depuis deux jours il est paralysé de moitié et qu'il sent que c'est la fin. Mon cœur se brise en mille morceaux et je regarde ce chien qui tremble et regarde dans le vide.
Lorsqu'il essaie d'avancer (le chien, pas le maitre, ok vous suivez toujours) il manque souvent de tomber mais se rattrape avec brio. Je m'imagine qu'il est bourré et laisse un sourire en coin, le maitre me regarde en rigolant et me dit "on dirait qu'il vient de se prendre une bonne cuite" et rigole de bon coeur, avec toujours cette petite pointe de tristesse. S'en suivent des souvenirs évoqués avec l'animal, quand il faisait ci, quand il faisait ça et j'écoute en continuant à sourire. Pas un sourire débilos, un sourire tentant d'être simplement réconfortant.
La discussion s'achève au moment où il prend le chien dans ses bras, comme un bébé, pour le ramener chez lui. Le contraste est saisissant et finalement, je remonte chez moi en préfèrant garder le souvenir de ce toutou qui vient de se prendre une cuite et qui manque de tomber dans son jardin, son repère, son clic clac j't'embarque viens voir ici et mets toi à 4 pattes.
Bonne chance petit toutou.