Aujourd'hui, j'ai travaillé toute la journée. Je vous entends déjà souffler de dépit "c'est quoi cette intro de merde" "pfff mais on s'en fout ta gueule" "il a que ça à raconter ce mongole" mais detrompez-vous, c'est très intéressant. À vrai dire, pas du tout, mais faut bien commencer par quelque chose.
Donc j'ai travaillé toute la journée (vos gueules) et, fusionnant ces deux sentiments profonds que sont la lassitude et le bonheur (la lassiteure) je suis rentré chez moi tranquillement en bus. Cette lassiteure était tellement forte que j'ai à peine réagi sur le mec debout à coté de moi qui puait trop.
Interlude:
Des gens puent, ça arrive, ils y peuvent parfois rien. Dans ce cas, je ne dis rien.
Quand ils puent et que c'est abusé et que tu sais que c'est pas une odeur corporelle "naturelle" mais un truc modifiable - si je puis m'exprimer ainsi - par le savon, là ça me saoule.
Donc ouais, ce mec sentait vraiment mauvais, genre le rance, quelque chose qui est enfermé depuis des années, mélangé à, je sais pas, un port de pêche. EN GROS QUOI, POUR IMAGER LA SCÈNE.
On reprend.
La tête posée contre la vitre, j'écoute The Very Best (comme tout le temps en ce moment). Dans mon esprit, c'est l'Afrique au grand jour. C'est la danse, le soleil, le mil et les popotames. Et tout ce monde dans le bus n'y change rien, tout va bien. On est ballotés, de gauche à droite dans les ronds points et on entends presque des petits faire "oooooolé" comme dans les bateaux pirates des parc d'attractions.
Il pleut, il fait noir mais je fais que sourire. Toujours The Very Best et toujours l'Afrique.
Dieu semble m'entendre et décide de me faire un petit clin d'œil. À l'arrêt juste après montent une dizaine d'africains avec tout plein de bordel. Des cartons des poussettes des sachets de partout. Le bus est déjà plein mais bizarrement, tout le monde s'en fout et personne ne grogne dans son coin. Un petit s'asseoit près de moi, j'ai envie de lui dire de venir sur mes genoux pour que sa mère vienne à coté. J'ai aussi envie d'être son grand frère et de jouer au foot avec lui, ou de lui apprendre à faire des grimaces, mais je ne ferai rien, bien entendu.
C'est Chikondi qui passe et tout s'adoucit. Les sourires dents blanches sont au ralenti et les enfants regardent dehors avec fascination. Les réverbères s'alignent au loin, il est tard, je rentre chez moi et je souris toujours.