Le fait de faire mes cartons et de voir ma chambre vide m'avait déjà mis un coup au moral. Le fait de savoir que demain c'est fini, ça achève.
C'est pas sincèrement le déménagement le problème, c'est de laisser derrière moi les souvenirs que j'ai dans ces rues. C'est pas comme si j'allais revenir, j'ai aucune raison de venir, mes amis partiront tous vite, ma famille n'est plus là. Dans quelques temps je n'aurai que des souvenirs de cette ville. Hier soir j'en ai profité pour me balader et revoir les endroits qui m'ont construit. Le collège, le lycée, la rampe, la musique, le quartier riche, les maisons de mes potes.. Difficile de ne pas pleurer, honnêtement.
Pourtant je pars qu'à Strasbourg, à 30 km. C'est rien du tout, mais le fait de savoir que je ne reviendrai plus, ça me tue.
J'aimerais célébrer ça de manière respectueuse. Il y a deux jours j'ai fais le dernier Strasbourg Haguenau en train, je voulais que ça représente quelque chose de fort et je me suis endormi à moitié saoul. C'est pathétique. Peut-être que ce n'est pas ce type de souvenirs. ça c'est plus porté sur les endroits dans lesquels on a vécu quelques mois, idéal pour toujours ressentir pleinement les choses. Au bout de 17 ans, c'est sûrement différent.
De même, je viens de dire "au revoir" à l'ex copain de ma maman et tout est compliqué, tout est trop plein de sous entendus. Je lui dis "un grand merci" pour tout parce que "je ne sais pas comment j'aurais fais sans lui après Paris" et il me souhaite "de trouver une bonne école pour l'année prochaine". J'ai presque envie de le serrer dans mes bras, mais c'est trop bizarre trop tendu, trop pas notre type de relation du tout et on n'est pas dans un film américain.
Bizarre comme j'ai toujours voulu fuir de cette ville, de cette région et comme ça me parait difficile sur le moment. Bizarre comme je me sens encore attaché à tous ces points de détails complètement pourris. Enfin pas tellement, toujours passéiste, nostalgique, dans la mélancolie. J'aimerais être autrement mais je peux pas, c'est comme ça et dans ces situations, ça me bouffe complètement.
Bizarre comme l'angoisse m'a pris d'un coup ce soir. Bizarre comme j'ecris cet article comme si je passais demain sur la chaise électrique et que c'était une sorte de dernière volonté.
Demain matin c'est mon dernier aller Haguenau Strasbourg en train, j'essaierai d'honorer vraiment cette fois, mais je sens que je m'endormirai encore pour tout gâcher comme un débilos.
Ah et d'ailleurs je n'aurais plus internet pendant un moment vu qu'il faut l'installer dans le nouvel appartement. Entre temps téléphone mail facebook myspace vidéos imovie si vous voulez, vous connaissez le biz.
Amour tendre et sincère.
Votre dévoué,
Brice.