30.3.08
Good times for a change
Je cherche du regard quelque chose pour me donner l'heure. Les rideaux sont fermés mais je pense qu'il fait beau et doux. Je l'espère tout du moins. Je n'entends rien, ils sont allés où? Je suis tout seul ou quoi?
Mille pensées arrivent en même temps, comme la course aux souvenirs. Est-ce que j'ai fait tout ça ou je viens de le rêver? Est-ce que j'ai zoné bourré dans la rue à 7h du matin en écoutant cette reprise des Smiths? Parfois je ne veux plus rentrer, je ne veux pas être accompagné non plus, je prends juste du plaisir à être seul, à sentir que le monde m'appartient. Peut-être est-ce encore une manière de courir après quelque chose, après mon adolescence. J'ai le souvenir de m'être senti infiniment bien en marchant face au ciel qui bleuissait de plus en plus. Sans métaphore ridicule.
La maison se dresse devant moi et c'est avec un sourire que je regarde la fenêtre de la chambre de ma mère. Je crois que j'ai changé, quelque part j'ai changé. Je m'allonge avec des phrases qui me parcourent, des phrases toutes faites sans sens. Qui racontent aussi ce que je viens de faire, des phrases parfaites que je souhaite résolument ne pas oublier. Pourtant le jour se lève et les souvenirs me flinguent. Ouais, c'est encore toi diane tu sais. Cette fois-ci, je me tourne simplement sur le coté avec un oreiller contre moi. Un petit sourire et je m'endors paisiblement.
Clayhill - Please Please Please Let Me Get What I Want (The Smiths Cover)
Mille pensées arrivent en même temps, comme la course aux souvenirs. Est-ce que j'ai fait tout ça ou je viens de le rêver? Est-ce que j'ai zoné bourré dans la rue à 7h du matin en écoutant cette reprise des Smiths? Parfois je ne veux plus rentrer, je ne veux pas être accompagné non plus, je prends juste du plaisir à être seul, à sentir que le monde m'appartient. Peut-être est-ce encore une manière de courir après quelque chose, après mon adolescence. J'ai le souvenir de m'être senti infiniment bien en marchant face au ciel qui bleuissait de plus en plus. Sans métaphore ridicule.
La maison se dresse devant moi et c'est avec un sourire que je regarde la fenêtre de la chambre de ma mère. Je crois que j'ai changé, quelque part j'ai changé. Je m'allonge avec des phrases qui me parcourent, des phrases toutes faites sans sens. Qui racontent aussi ce que je viens de faire, des phrases parfaites que je souhaite résolument ne pas oublier. Pourtant le jour se lève et les souvenirs me flinguent. Ouais, c'est encore toi diane tu sais. Cette fois-ci, je me tourne simplement sur le coté avec un oreiller contre moi. Un petit sourire et je m'endors paisiblement.
Clayhill - Please Please Please Let Me Get What I Want (The Smiths Cover)
28.3.08
Yo
Le nouveau clip de Kenna est dispo mais comme je le trouvais pas terrible j'ai voulu vous mettre un live avec NERD chez Letterman et puis finalement ça sera Spaz de NERD en live/love. C'est plus rigolo hein?
N.E.R.D. Live At The Levi's/Fader Fort from The FADER on Vimeo.
N.E.R.D. Live At The Levi's/Fader Fort from The FADER on Vimeo.
27.3.08
26.3.08
1999-11-18
Pris d'une nostalgie fulgurante, je viens de réécouter Midnite Vultures et outre le fait que cet album défonce, j'avais oublié à quel point Beck avait la classe.
25.3.08
Shout out time
Buongiorno all'italiano che viene qui ogni giorni. Non ti conosco ma grazie a te
Un grand salut de la main au copain d'alexandre qui me lit aussi, j'ai oublié ton nom je suis désolé mais tout ce qu'on m'a dit, ça m'a touché. Big bisous.
Un grand salut de la main au copain d'alexandre qui me lit aussi, j'ai oublié ton nom je suis désolé mais tout ce qu'on m'a dit, ça m'a touché. Big bisous.
24.3.08
23.3.08
La définition
Vraiment c'est difficile d'acheter un parfum. Je me sens tellement bête à errer devant les différents parfums chez Sephora, à vaporiser partout, à essayer d'approuver quand je distingue quelque chose (le fonctionnement de mon odorat s'est bien vite altéré, littéralement agressé).
Las de tout ça, je me décide à chercher du regard une conseillère. Non pas celle-là, trop jeune, pas celle-là, trop bizarre. Et elle, voilà très bien. Une quarantaine d'années, la peau très blanche et un rouge à lèvres rouge, d'une beauté timide et glamour, comme une pin up des années 50. Plus que la sensualité, c'est la confiance qu'elle m'inspire.
La question est: pourquoi au juste ai-je besoin d'un rapport de "confiance" avec cette personne? Et la réponse me frappe lorsqu'elle me demande ce que je souhaiterais. C'est une véritable introspection que je lui livre, une véritable définition.
Page 121:
Brice, n.m. Orignal et racé, il conserve également une douceur particulière spécialement observée lors d'un rapport régulier et prolongé.
Puis termine en rougissant sûrement un petit peu. Elle me regarde quelques secondes et j'ose imaginer qu'elle cherche ce qui pourrait aller. Puis nous voguons, de parfum en parfum, de rayons en rayons, du "trop citronné" au "oula non on dirait du Scorpio", des mouillettes géantes imbibées de parfum nous entoure, menaçantes, se refermant. L'esquive, c'est les échantillons. Nous vaporisons à droite, à gauche. Pchit pchit et les mouillettes disparaissent.
Des gouttes de sueur perlent sur nos front et lors de ce dernier instant, je sens que le but est proche. Son regard est intense, son rôle de conseillère abandonnée, je sens que nous allons nous embrasser. Elle et moi, chez Sephora, 20 ans d'écart. Une nouvelle vie peut-être, pourquoi n'y ai-je pas pensé avant?
Je me prépare au baiser, tout bascule. Courage Brice, tu ne t'y attendais pas mais la vie est faite ainsi. De contradictions, réorientations, réflexions. Telle la science, elle est inexacte et évolue au fil des ans. Je m'approche d'elle, doucement, les yeux fermés, haletant face à mon avenir.
Puis rien ne se passe.
Quand j'ouvre les yeux, un franc sourire me dit d'un ton enjoué: Silver Black, d'Azzaro. ça sera parfait. Fébrile, je glisse un "ah.. ah b.. ah.. ah bon?" et inspire cette mouillette, assez emballé. Je demande malgré tout un échantillon, pas vraiment sûr de mon coup. Je lis le petit descriptif qu'elle me tend, sourire en coin:
La nouvelle séduction
Frais - Boisé - Musqué
Silver Black, l'évocation de la dualité de chaque homme… Entre insolence et générosité, sophistication et virilité, Silver Black entretient le mystère tout en se révélant. La fraîcheur métallique Silver mêlée à la puissance Black, provoque une séduction à la fois raffinée, pétillante, envoûtante et masculine appréciée par toutes les femmes.
Je lis la dernière phrase à voix haute tant ça me parait absurde, mais sous le coté railleur d'un petit gars que je dégage à cet instant, je crois que les deux premières phrases me plaisent.
Pchit pchit dans le cou en partant. Drôle de sensation, comme être unique. Je sens les regards, les nez tendus. Ou bien je rêve encore.
Je crois que je m'accomode finalement à ce parfum, alors que lui s'accomode plus doucement. Est-ce comment ça que ça fonctionne alors?
22.3.08
Your guitar, it sounds so
sweet and clear
But you're not really here
it's just the radio.
Sonic Youth - Superstar (The Carpenters cover)
Loneliness is such a sad affair
And I can hardly wait
to be with you again.
What to say to make you come again,
Come back to me again
And play your sad guitar?
sweet and clear
But you're not really here
it's just the radio.
Sonic Youth - Superstar (The Carpenters cover)
Loneliness is such a sad affair
And I can hardly wait
to be with you again.
What to say to make you come again,
Come back to me again
And play your sad guitar?
21.3.08
On the edge of a dream that you have
C'est comme si j'avais chanté ce morceau, en 1948. La lumière rouge d'un sombre cabaret d'une banlieue américaine, deux rednecks en face de moi, machouillant du tabac mécaniquement. Une voix de crooner et la peau faite de cuir, je dessine les contours de la femme parfaite du bout de mon doigt.
The Kills - Black Balloon
20.3.08
- Do you ever get depressed, huh, your accident?
- Used to, but it doesn't help. I had everything I wanted and lost it all, that hurts like fuck. But Chris, I'm going to take it all back, piece by piece.
- Used to, but it doesn't help. I had everything I wanted and lost it all, that hurts like fuck. But Chris, I'm going to take it all back, piece by piece.
4h du matin, j'ai réussi à rallonger ma soirée au maximum. Il commence à pleuvoir, quelque chose s'est cassé.
Sur les lignes de tram, hésitant, pas après pas, je regarde au loin, quelque chose s'est cassé.
La scène est probablement fascinante à filmer, en steady cam, de derrière, avec ce décor désert et hyper urbain. Facile à vivre et sur une architecture complexe, je jongle entre les directions à prendre. Quelque chose s'est cassé. Le but est simplement de rallonger encore et encore, de finir cette bière et d'aviser.
Il peut pleuvoir je m'en fous, je ne vois pas la pluie, ma capuche me couvre bien et je n'ai pas froid, malgré la simple veste Ralph Lauren qui me couvre, quelque chose s'est cassé.
Des questions futiles me traversent sans cesse l'esprit, Le fonctionnement des réverbères, la construction d'un volet à la main. je crois que je me force à y penser pour oublier autre chose, quelque chose s'est cassé. Au fond je n'y arrive vraiment pas et cette putain de phrase "quelque chose s'est cassé" me hante, je ne peux pas faire autrement, et cette bière ne m'aide pas. Je la bois presque d'un trait et la jette dans l'herbe.
Toujours ce même morceau de Maethelvin, toujours ces mêmes accords de synthés, toujours le même rythme de pas. Je deviens fou, quelque chose s'est cassé. Tout se mélange, tout s'embrouille, quelque chose s'est cassé. Je grimace, serrant les dents, puis ne parvient pas à me calmer, quelque chose s'est cassé et je pleure comme un enfant.
Maethelvin - Looking For Love
Sur les lignes de tram, hésitant, pas après pas, je regarde au loin, quelque chose s'est cassé.
La scène est probablement fascinante à filmer, en steady cam, de derrière, avec ce décor désert et hyper urbain. Facile à vivre et sur une architecture complexe, je jongle entre les directions à prendre. Quelque chose s'est cassé. Le but est simplement de rallonger encore et encore, de finir cette bière et d'aviser.
Il peut pleuvoir je m'en fous, je ne vois pas la pluie, ma capuche me couvre bien et je n'ai pas froid, malgré la simple veste Ralph Lauren qui me couvre, quelque chose s'est cassé.
Des questions futiles me traversent sans cesse l'esprit, Le fonctionnement des réverbères, la construction d'un volet à la main. je crois que je me force à y penser pour oublier autre chose, quelque chose s'est cassé. Au fond je n'y arrive vraiment pas et cette putain de phrase "quelque chose s'est cassé" me hante, je ne peux pas faire autrement, et cette bière ne m'aide pas. Je la bois presque d'un trait et la jette dans l'herbe.
Toujours ce même morceau de Maethelvin, toujours ces mêmes accords de synthés, toujours le même rythme de pas. Je deviens fou, quelque chose s'est cassé. Tout se mélange, tout s'embrouille, quelque chose s'est cassé. Je grimace, serrant les dents, puis ne parvient pas à me calmer, quelque chose s'est cassé et je pleure comme un enfant.
Maethelvin - Looking For Love
19.3.08
18.3.08
Les lettres
Parfois j'ai la nette impression que certains ne parlent pas assez vite. C'est très perturbant. Sans parler d'élocution pure, c'est plutôt les idées qui n'arrivent pas comme elles le devraient dans leurs mots.
J'imagine clairement des lettres noires encadrées de blanc dans leurs œsophages, puis dans leurs gorges roses. Des lettres qui s'entrechoquent entre elles, digidong digidong, et qui n'arrivent pas à former la bonne phrase. Ainsi, je n'entends que des personnes qui tournent autour du pot, qui se répètent, qui me disent ce que je sais déjà.
Dans ces cas, je m'énerve et je meurs d'envie de les secouer pour remettre ces lettres en place. Digiding digiding. Je me braque quelque peu, de façon voyante sûrement, puis essaie de me détendre en me persuadant que le problème vient de moi.
Comme une métaphore, comme si j'en attendais trop de ces gens et qu'ils ne pouvaient pas subvenir à ce que je veux.
Putain de taré.
J'imagine clairement des lettres noires encadrées de blanc dans leurs œsophages, puis dans leurs gorges roses. Des lettres qui s'entrechoquent entre elles, digidong digidong, et qui n'arrivent pas à former la bonne phrase. Ainsi, je n'entends que des personnes qui tournent autour du pot, qui se répètent, qui me disent ce que je sais déjà.
Dans ces cas, je m'énerve et je meurs d'envie de les secouer pour remettre ces lettres en place. Digiding digiding. Je me braque quelque peu, de façon voyante sûrement, puis essaie de me détendre en me persuadant que le problème vient de moi.
Comme une métaphore, comme si j'en attendais trop de ces gens et qu'ils ne pouvaient pas subvenir à ce que je veux.
Putain de taré.
La vérité zort de la bousse des zenfants
tu sais j'y pensais après t'avoir eu au téléphone et je me disais en gros " ah c'est drôle, brice c'est un peu le grand frère cool parfait, genre il te recadre mais il te casse pas les burnes "
Il y a ces putains de morceaux qui me collent à la peau depuis des années, que je chante sans m'en rendre compte, que j'ai en tête tout le temps sans le vouloir.
Rancid - 1998
Je ne sais pas pourquoi ce morceau m'a tellement obsédé et m'obsède encore tellement, peut-être parce que c'est de Cool & Dre, tout simplement.
17.3.08
Mafia 1-3 c'est la familia
Southcide 13 - Un Jour Meilleur Ft Driver, Pimp Cynik
Allez, pour le coup:
Aelpeacha - On la donne avec le coeur Ft Driver, MSJ, P.A.T.
JE SUIS MON CHEMIN CAR JE N'AI RIEN À ATTENDRE
DES GENS QUI PARLENT DANS MON DOS MAIS QUI N'ONT RIEN À M'APPRENDRE
CSRD - La route du rhum
Libellés du morceau: Cul sec, C-Walk, Talk box, 3 rivières d'outre mer.
Papillon - Un été à Paname
19h Etienne Marcel
Déjà les fashion victims se chient dessus dans leurs diesels
+ Toujours là zikaload (i see you tonton) 187 radio 187 forum
O.G. Auteuil hé
16.3.08
15.3.08
12.3.08
- Putain y'a personne qui baise ici.
- Pourtant tu es belle.
- Tu veux baiser?
- Euh non désolé..
- Me dis pas que comme 90 % des mecs ici, tu es amoureux..
- Et bien si.
- Pourtant tu es belle.
- Tu veux baiser?
- Euh non désolé..
- Me dis pas que comme 90 % des mecs ici, tu es amoureux..
- Et bien si.
La malterie
À peine je prends le vélo pour partir, à 6h35, en pleine nuit, que je me sens différent. En quoi je ne sais pas vraiment. Plus fort sûrement. Putain je sais que ça ne sera pas une partie de plaisir et je fonce tête baissée , le vent de face, Curtis Mayfield dans les oreilles, le Rhin à portée de vue.
Je repense à avant, je repense à moi avant, je ressens l'évolution, je sais que je suis allé plus loin. Mes limites poussées, ma force mentale aussi, je sais que beaucoup de mes doutes se sont dissipés.
Cette malterie, je la vois vraiment comme un décor historique. Tous ces murs bousillés, cette tour immense, hyper hostile. La réalité colle, j'arrive, personne. Obligé d'explorer tout seul, je coupe la musique, je remonte mon pantalon, je range ma montre dorée. Quoi quoi, c'est quoi ces conclusions débiles genre tu renies ce que tu es? Attendez, c'est l'usine là, pas autre chose. Ici y'a pas d'histoire, pas de futur, j'ai pu le vérifier au travers d'anciennes expériences et justement, je suis tellement en confiance que je ressens aucun besoin de prouver qui je suis à travers ça (ici, tout du moins).
Des poignées de mains franches, les yeux dans les bleus, je veux qu'ils voient qu'ils peuvent compter sur moi, que je vais pas me défiler parce que le boulot est eprouvant.
Je commence à travailler avec Ali.
Ali, turc allemand ("juif arabe") d'une bonne quarantaine d'années, qui parle peu le français. Tout le monde me souhaite bon courage pour la communication mais je m'en tape honnêtement, on y arrivera. Ali m'inspire la confiance, son bon bidon et sa petite taille sûrement.
Je vois qu'il a bien integré comment gagner du temps à son poste. Ah oui parce qu'il y a un truc super bizarre: On commence à 7h, ok tout va bien, et à 8h, il y a une pause d'un quart d'heure pour prendre un café ou je sais pas. En gros vous arrivez, vous parlez un peu machin truc, préparation mentale, au boulot et juste après, PAUSE. Moi je peux pas, si je commence à travailler, je veux pas m'arrêter tout de suite après, la motivation est niquée. Je crois qu'Ali c'est pareil, du coup il fait n'importe quoi avant les 8h sauf bosser sur sa machine. Il passe le karcher par terre, il va vérifier des trucs aux étages, il me fait visiter en même temps, il parle il parle il parle. Il m'appelle "Blice" et ça me plait bien. J'ai au moins échappé au Brice de Nice (pour le moment).
Il me trimballe partout et j'aime bien ça, c'est lui Laurel c'est moi Hardy, c'est lui Arnold c'est moi Willy. Je nous vois comme un gang, moi le tout nouveau mec de l'intérim prêt à tout faire, lui l'ancien qui me conseille pour les trucs de filou. D'ailleurs quand il me dit que "je lestelai avec lui", j'acquiesce avec un sourire sincère.
Et finalement on travaille, putain on se la donne bien, ça me branche. J'apprécie le fait que je ne suis pas le seul à faire les trucs pourris et qu'il m'aide bien plus que la plupart ne l'aurait fait. Le courant passe bien, même si je bosse apparemment trop vite pour lui vu qu'il ne cesse de répéter "docement, docement" avec le geste de main qui va avec. Ouais, gain de temps, exactement.
À la fin de la journée, deux trois mecs viennent me voir en me disant qu'Ali a dit que j'avais fait "du super boulot", ce qui est plutôt bon signe parce qu'apparemment "il ne dit jamais rien, à part quand c'est très bien". Ca me branche encore plus.
Je rentre chez moi peinard, les muscles qui travaillent, au fond du tram avec le vélo, un regard de zombie sûrement, mais content.
Le deuxième jour, toujours ce pont au dessus du bassin Vauban. Les cygnes dorment encore, blottis dans leurs ailes. Ils sont deux, deux seigneurs blancs sur cette eau noire, illuminée par les réverbères qui ornent la route. Je ressens tout, je ressens cette putain de lumière du jour à peine filtrée par les rideaux, je ressens la couette déchirée, je ressens le mal de dos du lit une place à deux, mais je ressens surtout l'odeur de son cou, le contact de sa peau, ma tête sur son petit coeur qui bat. Et mon coeur qui bat plus vite. Je détourne la tête et il y a sûrement une larme qui se décroche avec la vitesse de la descente en vélo.
Je recommence à bosser avec Ali et un chef d'équipe me cherche pour autre chose, accompagné d'un autre nouveau. J'apprends juste ensuite que ce fameux nouveau a le vertige, de façon maladive et qu'il est incapable de faire la tâche prévue. Je le remplace donc, quittant Ali la mort dans l'âme.
Changement d'ambiance, j'ai une combi étanche orange, genre super phat, un karcher balèze dans les mains et je suis dans une sorte d'énorme cuve. Les instructions c'est: tu vois les murs de 5 mètres de haut là (sur une circonférence d'une trentaine de mètres), ils sont sales, à la fin de la journée il faudrait qu'ils soient propres.
Wooohooow ok cool. Bon on respire. Avant justement, j'aurais fait le boulot et le lendemain, je serais pas revenu mais là, je dis ok et c'est parti. Et je karche, je karche (ouais quand tu bosses avec tout le temps, ça devient un verbe conjugable dans tous les temps). Je sens mes muscles, je jubile intérieurement, c'est de la masturbation tout ça, sans réel orgasme. Quand je prends le pli, que mes muscles se sont habitués à la douleur, c'est mes pensées qui s'envolent. Toujours vers la même personne. Toujours. J'ai envie de lui dire mille choses sans savoir comment les dire, alors je me répète des phrases sans cesse "non pas comme ça, ça lui plairait pas". Si vous saviez combien de textos mentaux j'ai ecris avec ce karcher à la main..
Mais tout est clair! Tout est plus simple, je me sens bien plus sain, de corps et d'esprit. Je sais ce que je fais, pourquoi je le fais, où je vais, avec qui je veux y aller et je me donne les moyens d'y arriver. 2 mois avant j'étais au bord de la nevrose ouais, là TEL LE PHOENIX, je renais de mes cendres.
Le midi, pour apprécier le temps qui passe, je m'installe au jardin des 2 rives. Bon, pour ceux qui ne connaissent pas, c'est un très beau jardin, assez grand, mélange de sobriété et d'art contemporain. Il y a beaucoup d'espaces clairs et vides qui allongent très bien les lignes des allées.
2 possibilités:
- S'il fait beau, je m'assoies sur un des bancs situés tout en haut du pont. Ce pont, dont je connais pas le nom, sépare la France de l'Allemagne. C'est pas un truc officiel vous voyez, enfin y'a pas de panneau "Wilkommen zu Deutschland" et des douaniers, c'est un pont moderne bien dessiné, qui sert plus de passerelle qu'autre chose. En gros, si vous voulez faire rentrer de la dope en Allemagne, faites le par là, c'est sans risque et classieux.
Il y a donc le Rhin sous mes pieds, Candi Staton à fond sur mon ipod, ce sandwich jambon beurre dans ma bouche et un sourire tranquille sur mon visage. Le cadre est affolant vous savez, pile entre deux pays, avec cet horizon dingue. Si je veux me ballader, je prends le vélo et je tourne à Kehl. Le Zentrum, les zones pav, c'est plutôt cool quoi. Je me sens comme un explorateur, comme Indy et l'Allemagne maudite, tout semble paisible, les rues sont différentes, les maisons aussi. Fascinant.
- S'il fait moche, je m'installe simplement près du pont, et je le contemple avec pleins de reflections métaphysiques débilos enchéries par l'album Storytelling de Belle & Sebastian. C'est agréable aussi mais ça me rend vite triste et reprendre le travail est plus délicat.
J'ai cependant appris que l'après-midi n'était qu'une simple formalité là-bas. Entre le temps qu'il faut pour se mettre à travailler et le moment où on range, il s'écoule 1h30 max. En somme, tout se fait le matin et l'après-midi tu digères peinard en pétant dans les silos. La vraie vie tu vois.
Je repense à avant, je repense à moi avant, je ressens l'évolution, je sais que je suis allé plus loin. Mes limites poussées, ma force mentale aussi, je sais que beaucoup de mes doutes se sont dissipés.
Cette malterie, je la vois vraiment comme un décor historique. Tous ces murs bousillés, cette tour immense, hyper hostile. La réalité colle, j'arrive, personne. Obligé d'explorer tout seul, je coupe la musique, je remonte mon pantalon, je range ma montre dorée. Quoi quoi, c'est quoi ces conclusions débiles genre tu renies ce que tu es? Attendez, c'est l'usine là, pas autre chose. Ici y'a pas d'histoire, pas de futur, j'ai pu le vérifier au travers d'anciennes expériences et justement, je suis tellement en confiance que je ressens aucun besoin de prouver qui je suis à travers ça (ici, tout du moins).
Des poignées de mains franches, les yeux dans les bleus, je veux qu'ils voient qu'ils peuvent compter sur moi, que je vais pas me défiler parce que le boulot est eprouvant.
Je commence à travailler avec Ali.
Ali, turc allemand ("juif arabe") d'une bonne quarantaine d'années, qui parle peu le français. Tout le monde me souhaite bon courage pour la communication mais je m'en tape honnêtement, on y arrivera. Ali m'inspire la confiance, son bon bidon et sa petite taille sûrement.
Je vois qu'il a bien integré comment gagner du temps à son poste. Ah oui parce qu'il y a un truc super bizarre: On commence à 7h, ok tout va bien, et à 8h, il y a une pause d'un quart d'heure pour prendre un café ou je sais pas. En gros vous arrivez, vous parlez un peu machin truc, préparation mentale, au boulot et juste après, PAUSE. Moi je peux pas, si je commence à travailler, je veux pas m'arrêter tout de suite après, la motivation est niquée. Je crois qu'Ali c'est pareil, du coup il fait n'importe quoi avant les 8h sauf bosser sur sa machine. Il passe le karcher par terre, il va vérifier des trucs aux étages, il me fait visiter en même temps, il parle il parle il parle. Il m'appelle "Blice" et ça me plait bien. J'ai au moins échappé au Brice de Nice (pour le moment).
Il me trimballe partout et j'aime bien ça, c'est lui Laurel c'est moi Hardy, c'est lui Arnold c'est moi Willy. Je nous vois comme un gang, moi le tout nouveau mec de l'intérim prêt à tout faire, lui l'ancien qui me conseille pour les trucs de filou. D'ailleurs quand il me dit que "je lestelai avec lui", j'acquiesce avec un sourire sincère.
Et finalement on travaille, putain on se la donne bien, ça me branche. J'apprécie le fait que je ne suis pas le seul à faire les trucs pourris et qu'il m'aide bien plus que la plupart ne l'aurait fait. Le courant passe bien, même si je bosse apparemment trop vite pour lui vu qu'il ne cesse de répéter "docement, docement" avec le geste de main qui va avec. Ouais, gain de temps, exactement.
À la fin de la journée, deux trois mecs viennent me voir en me disant qu'Ali a dit que j'avais fait "du super boulot", ce qui est plutôt bon signe parce qu'apparemment "il ne dit jamais rien, à part quand c'est très bien". Ca me branche encore plus.
Je rentre chez moi peinard, les muscles qui travaillent, au fond du tram avec le vélo, un regard de zombie sûrement, mais content.
Le deuxième jour, toujours ce pont au dessus du bassin Vauban. Les cygnes dorment encore, blottis dans leurs ailes. Ils sont deux, deux seigneurs blancs sur cette eau noire, illuminée par les réverbères qui ornent la route. Je ressens tout, je ressens cette putain de lumière du jour à peine filtrée par les rideaux, je ressens la couette déchirée, je ressens le mal de dos du lit une place à deux, mais je ressens surtout l'odeur de son cou, le contact de sa peau, ma tête sur son petit coeur qui bat. Et mon coeur qui bat plus vite. Je détourne la tête et il y a sûrement une larme qui se décroche avec la vitesse de la descente en vélo.
Je recommence à bosser avec Ali et un chef d'équipe me cherche pour autre chose, accompagné d'un autre nouveau. J'apprends juste ensuite que ce fameux nouveau a le vertige, de façon maladive et qu'il est incapable de faire la tâche prévue. Je le remplace donc, quittant Ali la mort dans l'âme.
Changement d'ambiance, j'ai une combi étanche orange, genre super phat, un karcher balèze dans les mains et je suis dans une sorte d'énorme cuve. Les instructions c'est: tu vois les murs de 5 mètres de haut là (sur une circonférence d'une trentaine de mètres), ils sont sales, à la fin de la journée il faudrait qu'ils soient propres.
Wooohooow ok cool. Bon on respire. Avant justement, j'aurais fait le boulot et le lendemain, je serais pas revenu mais là, je dis ok et c'est parti. Et je karche, je karche (ouais quand tu bosses avec tout le temps, ça devient un verbe conjugable dans tous les temps). Je sens mes muscles, je jubile intérieurement, c'est de la masturbation tout ça, sans réel orgasme. Quand je prends le pli, que mes muscles se sont habitués à la douleur, c'est mes pensées qui s'envolent. Toujours vers la même personne. Toujours. J'ai envie de lui dire mille choses sans savoir comment les dire, alors je me répète des phrases sans cesse "non pas comme ça, ça lui plairait pas". Si vous saviez combien de textos mentaux j'ai ecris avec ce karcher à la main..
Mais tout est clair! Tout est plus simple, je me sens bien plus sain, de corps et d'esprit. Je sais ce que je fais, pourquoi je le fais, où je vais, avec qui je veux y aller et je me donne les moyens d'y arriver. 2 mois avant j'étais au bord de la nevrose ouais, là TEL LE PHOENIX, je renais de mes cendres.
Le midi, pour apprécier le temps qui passe, je m'installe au jardin des 2 rives. Bon, pour ceux qui ne connaissent pas, c'est un très beau jardin, assez grand, mélange de sobriété et d'art contemporain. Il y a beaucoup d'espaces clairs et vides qui allongent très bien les lignes des allées.
2 possibilités:
- S'il fait beau, je m'assoies sur un des bancs situés tout en haut du pont. Ce pont, dont je connais pas le nom, sépare la France de l'Allemagne. C'est pas un truc officiel vous voyez, enfin y'a pas de panneau "Wilkommen zu Deutschland" et des douaniers, c'est un pont moderne bien dessiné, qui sert plus de passerelle qu'autre chose. En gros, si vous voulez faire rentrer de la dope en Allemagne, faites le par là, c'est sans risque et classieux.
Il y a donc le Rhin sous mes pieds, Candi Staton à fond sur mon ipod, ce sandwich jambon beurre dans ma bouche et un sourire tranquille sur mon visage. Le cadre est affolant vous savez, pile entre deux pays, avec cet horizon dingue. Si je veux me ballader, je prends le vélo et je tourne à Kehl. Le Zentrum, les zones pav, c'est plutôt cool quoi. Je me sens comme un explorateur, comme Indy et l'Allemagne maudite, tout semble paisible, les rues sont différentes, les maisons aussi. Fascinant.
- S'il fait moche, je m'installe simplement près du pont, et je le contemple avec pleins de reflections métaphysiques débilos enchéries par l'album Storytelling de Belle & Sebastian. C'est agréable aussi mais ça me rend vite triste et reprendre le travail est plus délicat.
J'ai cependant appris que l'après-midi n'était qu'une simple formalité là-bas. Entre le temps qu'il faut pour se mettre à travailler et le moment où on range, il s'écoule 1h30 max. En somme, tout se fait le matin et l'après-midi tu digères peinard en pétant dans les silos. La vraie vie tu vois.
Essai sur la culpabilité
Putain je te jure, j'en ai marre de me lever et de culpabiliser comme ça. Ma vie est faite de culpabilité. Un jour je devrais m'en débarasser, comme un gros sac plein d'ossements au bord d'une route de campagne.
Tous les matins c'est la même chose. Les lendemains de fête sont esquissés en premier lieu par ma langue pateuse, de traces d'alcool ici et là. Puis le bilan, comme un eclair, qu'est-ce que j'ai fait, avec qui, où, jusqu'à quelle heure. Souvent c'est le moment où je soupire tout en cherchant mes lunettes du bout des doigts. Toujours ces trois points:
- L'alcool. Je ne veux pas 'arrêter de boire', je pense pas avoir de 'problème avec l'alcool' non plus mais force est d'avouer que ça ne m'avance à rien de me défoncer la gueule. Tout ce que je vois c'est que sur le coup, tout ressemble à un slow motion inifni entrelacé par Sexual Sportwear. Ma tête tourne de droite à gauche et mes yeux ne suivent pas, ils restent enfoncés dans leurs globes. C'est ça tu vois. Si je rentre à pieds je sais bien que je vais mettre un truc calme, fermer les yeux et me croire dans un film, c'est toujours pareil.
Pris dans les affres de l'adolescence, je voyais d'ailleurs dans l'alcool une sorte d'inspiration divine, exactement comme ce poème de Baudelaire où il parle d'eau de feu et je sais plus quoi. J'adorais ces trucs-là, je lisais un tas de conneries de biographies et je trouvais ça hallucinant. Iggy Pop, Syd Barrett, tous ces mecs fous, maudits ou bestiaux. Je sortais la nuit, je fumais sur des toits de garage, je cherchais des symboles, des indices sur le chemin à suivre. Je crois que j'aimais vraiment ça au fond.
- La cigarette. Hé ça va, je fais quand même mon possible pour quasi plus fumer. Hier on m'a félicité pour ça d'ailleurs. C'est juste que si j'ai un paquet de cigarettes et que je suis saoul, et bien..
Sinon je me maitrise assez bien je trouve.
- L'argent. Mais ouais bien sûr. Les cartes bleues à 4h du matin vas-y c'est une super idée. Tu tapes ton code sans avoir vu le montant juste avant, super Brice, super malin, "mais allfeeeez on s'éen fouut cf'est que d'lgargent, tu veuxc boire quoi?+.". CONNARD.
Je suis sensé tout économiser, ou faire de mon mieux, en tout cas sentir que je fais de mon mieux pour le garder cet argent et puis non, je dépense comme un fumier dans ces moments. Putain je te jure, ça me rend fou les lendemains. Je m'asseois, encore dans le vide et, me grattant le haut du dos, je serre les dents.
Toujours pareil donc. Puis je me me lève, je m'étire, je me lave les dents, je me regarde dans le miroir, me trouve plutôt pas mal, fais une série de pompes, mange, chill, pompes, douche, pompes. À partir de là, la journée commence vraiment. Ouais toutes ces pompes avant. Tu te rends compte? Si je fais pas ces pompes de mes deux, je suis mort de culpabilité. Putain je tourne en rond.
Tous les matins c'est la même chose. Les lendemains de fête sont esquissés en premier lieu par ma langue pateuse, de traces d'alcool ici et là. Puis le bilan, comme un eclair, qu'est-ce que j'ai fait, avec qui, où, jusqu'à quelle heure. Souvent c'est le moment où je soupire tout en cherchant mes lunettes du bout des doigts. Toujours ces trois points:
- L'alcool. Je ne veux pas 'arrêter de boire', je pense pas avoir de 'problème avec l'alcool' non plus mais force est d'avouer que ça ne m'avance à rien de me défoncer la gueule. Tout ce que je vois c'est que sur le coup, tout ressemble à un slow motion inifni entrelacé par Sexual Sportwear. Ma tête tourne de droite à gauche et mes yeux ne suivent pas, ils restent enfoncés dans leurs globes. C'est ça tu vois. Si je rentre à pieds je sais bien que je vais mettre un truc calme, fermer les yeux et me croire dans un film, c'est toujours pareil.
Pris dans les affres de l'adolescence, je voyais d'ailleurs dans l'alcool une sorte d'inspiration divine, exactement comme ce poème de Baudelaire où il parle d'eau de feu et je sais plus quoi. J'adorais ces trucs-là, je lisais un tas de conneries de biographies et je trouvais ça hallucinant. Iggy Pop, Syd Barrett, tous ces mecs fous, maudits ou bestiaux. Je sortais la nuit, je fumais sur des toits de garage, je cherchais des symboles, des indices sur le chemin à suivre. Je crois que j'aimais vraiment ça au fond.
- La cigarette. Hé ça va, je fais quand même mon possible pour quasi plus fumer. Hier on m'a félicité pour ça d'ailleurs. C'est juste que si j'ai un paquet de cigarettes et que je suis saoul, et bien..
Sinon je me maitrise assez bien je trouve.
- L'argent. Mais ouais bien sûr. Les cartes bleues à 4h du matin vas-y c'est une super idée. Tu tapes ton code sans avoir vu le montant juste avant, super Brice, super malin, "mais allfeeeez on s'éen fouut cf'est que d'lgargent, tu veuxc boire quoi?+.". CONNARD.
Je suis sensé tout économiser, ou faire de mon mieux, en tout cas sentir que je fais de mon mieux pour le garder cet argent et puis non, je dépense comme un fumier dans ces moments. Putain je te jure, ça me rend fou les lendemains. Je m'asseois, encore dans le vide et, me grattant le haut du dos, je serre les dents.
Toujours pareil donc. Puis je me me lève, je m'étire, je me lave les dents, je me regarde dans le miroir, me trouve plutôt pas mal, fais une série de pompes, mange, chill, pompes, douche, pompes. À partir de là, la journée commence vraiment. Ouais toutes ces pompes avant. Tu te rends compte? Si je fais pas ces pompes de mes deux, je suis mort de culpabilité. Putain je tourne en rond.